Les blindés de l'armée israélienne, soutenus par des moyens aériens, ont opéré mardi avant l'aube des incursions dans trois quartiers de la ville de Gaza où les combats faisaient rage au 18e jour de l'offensive contre le Hamas qui a fait plus de 900 morts.

A New York, le conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir mardi pour discuter de la situation dans la bande de Gaza, avant le départ mercredi au Proche-Orient du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

«Les chars sont entrés plus profondément dans les quartiers de Tal al-Hawa, cheikh Ajline et Zeitoun», des secteurs périphériques de Gaza-Ville que «l'aviation et les chars bombardent», a indiqué un correspondant de l'AFP citant des témoins.

Les combattants palestiniens répliquaient en tirant des obus de mortier et des roquettes RPG, a-t-il ajouté. Au moins une personne est morte à Zeitoun, selon des sources médicales palestiniennes. Des habitants d'un autre quartier périphérique, cheikh Radouane, ont indiqué que trois personnes ont été blessées lors de la destruction de leur maison dans un raid aérien.

Un porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que des combats avaient lieu dans plusieurs quartiers de la ville, sans donner plus de précisions.

L'aviation a également mené des raids nocturnes à Rafah (sud) pour détruire des tunnels reliant le sud de la bande de Gaza à l'Egypte. Selon un porte-parole, 60 cibles ont été atteintes lundi, dont 20 tunnels de contrebande à Rafah et neuf sites de tirs de roquettes.

La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé à l'AFP avoir détruit deux chars israéliens à Zeitoun et tué un nombre indéterminé de militaires dans le village de Khouzaa, près de Khan Younès (sud). Ces affirmations ont été démenties par l'armée.

Lundi en journée, les blindés israéliens ont avancé sur plusieurs centaines de mètres à l'intérieur de cheikh Ajline, Touffah et Zeitoun, se heurtant à des combattants palestiniens, selon des témoins, alors que des attaques aériennes étaient menées en parallèle dans le centre-ville.

«Nous renforçons l'encerclement de la ville de Gaza», a expliqué dans la soirée le général Eyal Eisenberg, commandant des opérations sur le terrain.

Selon le chef des services d'urgences à Gaza, Mouawiya Hassanein, 919 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne, dont 277 enfants, 97 femmes et 92 personnes âgées et plus de 4 100 autres ont été blessés.

Israël affirme avoir porté un coup sévère au Hamas lors de l'offensive et avoir tué plus de 550 de ses combattants et blessé des milliers d'autres. Mais l'opération n'a pas fait cesser les tirs de roquettes sur le sud d'Israël, où une trentaine d'engins se sont abattus lundi sans faire de victimes, selon l'armée. Dix militaires et trois civils israéliens ont été tués depuis le début de l'opération le 27 décembre.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a menacé lundi de frapper d'«une main de fer» aussi longtemps que les tirs de roquettes se poursuivraient de Gaza, où le Hamas lui a répondu en promettant «la victoire».

«Nous voulons mettre fin à l'opération quand deux conditions seront remplies: la fin des tirs de roquettes et la fin du réarmement du Hamas», a affirmé M. Olmert.

«Tout autre chose se heurtera à la main de fer du peuple israélien, qui ne veut plus tolérer les (roquettes) Qassam», a-t-il ajouté.

A Gaza, le Premier ministre du gouvernement islamiste, Ismaïl Haniyeh, a affirmé dans un discours télévisé que le Hamas «se rapproch(ait) de la victoire», proclamant: «Gaza ne tombera pas».

Selon M. Haniyeh, le Hamas est également prêt à «examiner d'une manière positive toute initiative susceptible de mettre fin à cette agression et à l'effusion du sang de nos enfants».

Il faisait allusion à un plan égyptien visant à trouver une sortie négociée à la guerre, passant par un cessez-le-feu qui permettrait un accord sur la fin du blocus israélien et la contrebande d'armes vers Gaza.

Le Hamas s'oppose notamment à l'éventuel déploiement d'une force internationale dans la bande de Gaza et à la présence exclusive de représentants de l'Autorité palestinienne de son rival, le président Mahmoud Abbas, au terminal de Rafah.

Sur le front diplomatique, Ahmed Gebreel, porte-parole de la mission libyenne auprès de l'ONU, a indiqué à l'AFP que le Conseil de sécurité se réunirait mardi à 10h00 pour discuter de la situation dans la bande de Gaza. «Le secrétaire général (Ban Ki-moon) se rend dans la région et il veut informer le Conseil de ses intentions», a-t-il dit.

C'est la première réunion de l'instance depuis l'adoption jeudi dernier de la résolution 1860, appelant à l'instauration «d'un cessez-le-feu immédiat, durable et pleinement respecté menant au retrait total des forces israéliennes» de la bande de Gaza. Cette résolution n'a pas été respectée par les belligérants.

M. Ban, qui a exigé lundi qu'Israël et le Hamas cessent immédiatement les combats à Gaza, entame mercredi au Caire une tournée au Proche-Orient, notamment en Egypte, en Israël, en Cisjordanie et en Syrie.

Par ailleurs, un haut responsable du ministère de la Défense israélien, Amos Gilad, pourrait se rendre au Caire mardi pour discuter d'un éventuel arrêt des combats. Sa visite, prévue lundi, a été reportée d'au moins un jour.

A Prague, la présidence tchèque de l'UE a annoncé qu'elle comptait organiser une conférence de donateurs pour répondre aux besoins humanitaires de la population de Gaza, où la situation demeure tragique. Un million de personnes vivent sans électricité, 750 000 sont sans eau et où les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.