Le Parlement irakien a adopté jeudi à une large majorité l'accord avec les États-Unis prévoyant le retrait des troupes américaines d'Irak d'ici 2011, huit ans après l'invasion qui a renversé l'ancien dictateur Saddam Hussein mais aussi plongé le pays dans le chaos.

Le texte, qui comprend trente articles, a été adopté par 149 députés sur 198 présents, 35 ayant voté contre, a indiqué à l'AFP le vice-président du Parlement Khaled al-Attiyah. Il a été approuvé par les principaux groupes parlementaires sunnites, chiites et kurdes.

Selon le deputé sunnite Ayad al-Samarraï, 14 députés issus de divers groupes se sont abstenus.

Le président américain George W. Bush a immédiatement salué un vote qui «démontre la progression de la démocratie en Irak et sa capacité croissante d'auto-défense».

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui fut l'artisan de cet accord, a assuré que «c'était un jour historique pour le grand peuple d'Irak». «Nous sommes parvenus à l'une de nos plus grandes réalisations en signant un accord sur le retrait des forces étrangères d'Irak, le recouvrement de sa souveraineté perdue depuis plus de deux décennies (...), la préservation de ses richesses et son retour au sein de la communauté internationale en tant que pays libre et souverain», a-t-il ajouté.

Le pacte a été le fruit d'âpres discussions entre Bagdad et Washington, et de négociations à l'arraché entre les principaux groupes parlementaires chiite, sunnite et kurde.

Il doit encore être ratifié par le Conseil présidentiel, qui compte outre le président kurde Jalal Talabani, deux vice-présidents sunnite et chiite.

Lors de la lecture du texte de l'accord, les députés du chef chiite radical Moqtada Sadr ont scandé «Non à l'occupation! Oui à l'Irak», brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Non à l'accord».

Le texte prévoit notamment que «toutes les forces américaines», actuellement au nombre de 146.000, «devront avoir quitté le territoire irakien le 31 décembre 2011 au plus tard». Au 30 juin 2009 au plus tard, toutes les forces de combat américaines devront s'être retirées des villes et localités.

«Le territoire irakien, ainsi que son espace aérien et ses eaux, ne pourront être utilisés comme point de départ ou de passage pour des attaques contre d'autres pays», dit aussi le texte.

La séance parlementaire avait commencé par l'adoption d'un projet de loi «sur les réformes politiques», qui reprenait une partie des exigences des sunnites sur une meilleure répartition du pouvoir et une amnistie des prisonniers soupçonnés d'avoir participé à l'insurrection.

C'était la condition posée par les représentants de cette communauté pour voter avec les chiites et les Kurdes en faveur de l'accord de sécurité.

Le projet de loi stipule aussi que la commission électorale devra organiser «avant le 30 juillet un référendum populaire» sur cet accord.

Sans inclure l'arrêt complet de la débaassification, le projet fait allusion à une «révision des lois qui empêchent le retour du personnel qualifié», ouvrant ainsi la voie à un assouplissement vis à vis des ex-baasistes.

Beaucoup de cadres du Baas, le parti de Saddam Hussein, rendu illégal, avait été exclus de la fonction publique par un décret de 2003.

Quelques minutes après la ratification, l'ambassadeur des États-Unis en Irak Ryan Crocker et le chef des forces américaines dans le pays, le général Ray Odierno, ont «félicité le gouvernement irakien et les représentants élus».

De son côté, Amnesty International a demandé des garanties pour la sécurité des prisonniers qui seront remis aux autorités irakiennes aux termes de l'accord, s'inquiétant de risques de «tortures et d'autres violations des droits de l'homme».

Par ailleurs, à Mossoul (nord), deux attaques commises par des kamikazes et visant des convois de police ont coûté la vie à deux civils et fait 19 blessés, dont 15 policiers.

Dans la province de Kirkouk (nord), cinq personnes, dont un policier, ont été tuées dans deux attaques.