Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a espéré vendredi que les Etats-Unis envoient avant les élections l'an prochain une bonne partie des 20 000 troupes supplémentaires qu'ils comptent déployer en Afghanistan «dans les douze à dix huit mois».

Au total, le Pentagone compte envoyer quatre brigades de combat et leurs soutiens, soit «plus de 20 000 soldats», «dans les douze à dix-huit mois prochains», a déclaré le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

«L'une des choses dont nous avons discuté est la nécessité d'envoyer autant de forces armées que possible avant les élections afin de tenter de mettre en place un environnement sûr», a souligné M. Gates lors d'une réunion à Cornwallis, au Canada, des pays de l'Otan présents dans le sud afghan.

«Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que l'un des objectifs les plus importants, et peut-être le plus important en 2009, est la réussite de ces élections» nationales, dont la présidentielle, qui pourraient avoir lieu en septembre, a-t-il relevé.

«Nous voudrions obtenir quelques-unes de ces brigades supplémentaires en Afghanistan avant l'élection (...) mais nous n'avons pas encore pris de décision finale», a indiqué M. Gates.

Les Afghans ont commencé à s'inscrire sur les listes électorales en vue de l'élection présidentielle courant 2009 et le «défi principal se situe dans le sud» du pays, a souligné le secrétaire à la Défense.

Une brigade de combat (3.500 à 4.000 hommes) de l'armée de Terre américaine doit arriver en renfort en janvier et le commandant des forces internationales en Afghanistan (Isaf), le général américain David McKiernan, a réclamé trois brigades de combat supplémentaires ainsi qu'une brigade aérienne (2.800 hommes) et des troupes de soutien logistique.

Le ministre canadien de la Défense Peter MacKay a quant à lui appelé les autres membres de l'alliance à augmenter leurs contributions en troupes dans le sud afghan.

La province de Kandahar (sud) «est la région dans laquelle nous serions heureux de voir arriver plus de troupes». C'est «une région explosive», a-t-il poursuivi, et «nous sommes toujours demandeurs d'un partage du fardeau par d'autres pays».

«La réalité, c'est qu'il y a d'autres portes de l'Otan auxquelles le président élu Barack Obama pourrait frapper en premier», a-t-il ajouté, alors que M. Obama a indiqué vouloir réclamer plus de troupes aux membres de l'Alliance.

Le futur occupant de la Maison Blanche, pour lequel «le front central de la "guerre contre le terrorisme" se trouve en Afghanistan et au Pakistan», s'est dit favorable à l'envoi de plus de 10 000 hommes en renfort.

Cette réunion à Cornwallis rasemblait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada, l'Estonie, la Roumanie, le Danemark, et les Pays-Bas, qui fournissent 90% des 18 000 soldats étrangers stationnés dans le sud afghan, sous commandement de l'Otan.

Dans l'avion le ramenant à Washington, M. Gates a par ailleurs donné des précisions sur le financement de l'expansion de l'armée afghane, dont le coût est estimé à 17 milliards de dollars.

«Nous avons 3,5 milliards de dollars dans notre budget 2009 pour l'équipement et la formation de l'armée afghane», a-t-il expliqué, tout en disant compter sur d'autres contributions alliées.

«Il existe une énorme différence entre ce que coûte l'équipement et la formation d'un soldat afghan, et le coût d'envoyer un soldat américain» ou d'autres pays, a-t-il fait valoir.

Au total, pour l'instant, quelque 50 000 soldats d'une quarantaine de pays participent en Afghanistan à l'Isaf (forces internationales en Afghanistan), sous commandement de l'Otan, tandis que 20 000 autres font partie d'une coalition internationale sous commandement américain.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.