Le cabinet irakien, divisé, a approuvé dimanche l'«accord de sécurité» (Status of Forces Agreement - SOFA) avec les États-Unis, et les détails rendus publics à ce jour confirment qu'il s'agit d'un calendrier de retrait pur et simple de toutes les forces américaines d'Irak d'ici fin 2011.

Négocié durement sur presque'un an, l'accord prévoit le départ d'Irak, quelles que soient les conditions, des 150 000 GI répartis sur plus de 400 bases, huit ans après l'invasion ayant renversé le président Saddam Hussein.

 

Les infrastructures modernes et le tissu social du pays ont été détruits, plus d'un million de civils irakiens ont été tués, selon diverses estimations, des millions d'autres ont été chassés de leurs foyers comme déplacés ou réfugiés. Les États-Unis ont dépensé près de mille milliards de dollars et perdu près de 5000 hommes.

Le texte prévoit aussi que les GI ainsi que les transports et le courrier américains vont tomber sous le contrôle juridique de l'Irak. Il précise que l'Irak ne servira pas de base pour des attaques contre ses voisins, comme cela a été le cas récemment contre la Syrie.

Et il ne dit rien sur une présence militaire américaine quelconque en Irak après le 31 décembre 2011, même pour entraîner l'armée irakienne.

L'administration Bush, qui a refusé jusqu'ici tout calendrier de retrait d'Irak, s'est employée hier à présenter l'accord sous son meilleur jour.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, a admis qu'il avait fallu faire des concessions pour s'entendre. Elle a aussi admis que même cela pouvait être remis en cause après le 20 janvier, quand Barack Obama héritera d'une guerre en Irak qui aura été la grande affaire de la présidence Bush.

«Nous allons tout simplement de succès en succès en Irak», a tout de même dit Mme Perino, avant de préciser que les dates de retrait étaient «fermes».

Le Pentagone a de son côté distillé le doute. Le retrait d'Irak dépendra de la situation sur le terrain, a estimé le chef d'état-major interarmées, l'amiral Michael Mullen. «J'espère que les conditions vont continuer à s'améliorer, (mais) je pense qu'il est important que (le retrait) soit conditionné à la situation sur le terrain», a-t-il dit.

«Je comprends les limites», a indiqué l'amiral, en référence au calendrier de retrait. Mais il a suggéré que les termes de l'accord pouvaient éventuellement être modifiés: «Trois ans, c'est long. Les conditions pourraient changer.»

Le président désigné Barack Obama a indiqué vouloir retirer les troupes d'Irak d'ici la mi-2010, soit plus tôt que prévu par l'accord négocié à Bagdad. «Si le président désigné devait me donner une direction à prendre, je l'exécuterais», a commenté Mullen.

Le doute plane côté irakien également. L'accord doit être voté par le Parlement, où les députés sadristes et le bloc sunnite sont vivement hostiles à l'occupation américaine. Ils ont tenté en vain hier d'empêcher l'examen du texte en première lecture. La seconde lecture aura lieu demain.