L'administration Bush a maintenu la pression sur l'Iran mercredi malgré le peu de temps qui lui reste, et réclamé qu'il cesse «immédiatement» de développer des missiles balistiques après un nouveau test revendiqué par la République islamique.

Le Pentagone n'a pas formellement confirmé l'authenticité du test, après des précédents mettant en doute la réalité des informations venues d'Iran.

Mais l'administration Bush a vu là la confirmation de deux nécessités: mener à bien un projet antimissile qui crispe la Russie; et poursuivre l'effort en cours pour que l'Iran suspende ses activités nucléaires les plus sensibles, malgré les spéculations sur une diplomatie moins intransigeante avec l'arrivée à la présidence de Barack Obama.

«Je ne peux pas confirmer le lancement», a dit le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, «mais il (serait) cohérent» avec la poursuite du programme balistique iranien.

«Nous savons que l'Iran développe une version plus longue du Shahab-3 qui pourrait frapper nos alliés et nos amis au Proche-Orient et dans le sud-est de l'Europe», a-t-il dit.

Les activités balistiques iraniennes vont «totalement à l'encontre» des obligations internationales de l'Iran, a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe.

«L'Iran doit s'abstenir de nouveaux tests de missiles s'il veut vraiment gagner la confiance du reste du monde. Le régime iranien doit aussi cesser immédiatement de développer des missiles balistiques, qui pourraient servir de vecteurs à une arme nucléaire potentielle», a-t-il dit.

«Nous allons parler à nos alliés et veiller à exercer une large pression internationale sur les Iraniens pour qu'ils cessent ce genre de tests», a dit un porte-parole du département d'État, Robert Wood.

L'Iran, bête noire des États-Unis, a dit avoir testé mercredi un missile sol-sol de «nouvelle génération» d'une portée proche de 2000 km.

Selon des images de la télévision iranienne, l'engin ressemble fortement au Shahab-3, qui a une portée annoncée de 2000 kilomètres, suffisante pour atteindre Israël, grand allié des États-Unis.

Les activités balistiques iraniennes renforcent les inquiétudes d'une partie de la communauté internationale, États-Unis en tête, devant le programme nucléaire iranien. L'Iran, en butte à des sanctions du Conseil de sécurité qui visent aussi ses activités balistiques, assure que son programme nucléaire est purement civil.

Des diplomates de six grandes puissances tâchant d'obtenir que l'Iran suspende l'enrichissement d'uranium se réuniront jeudi à Paris.

Les efforts menés depuis des années par l'administration Bush n'ont pas fait reculer le régime iranien.

Avec la passation de pouvoirs en janvier, les spéculations sont fortes quant à une nouvelle approche diplomatique et peut-être une reprise du dialogue rompu depuis plus de 25 ans entre les États-Unis et l'Iran.

Dans un entretien publié mercredi par le New York Times, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan offre la médiation de son pays entre l'Iran et les grandes puissances, dont les États-Unis.

M. Obama a proposé au début de sa campagne de rompre avec la diplomatie Bush et d'ouvrir un dialogue sans conditions préalables avec l'Iran. Il s'est beaucoup moins engagé depuis lors et s'est montré très prudent vendredi lors de sa première conférence de presse de président élu.

Le porte-parole du Pentagone, lui, a vu dans les menées iraniennes une justification de l'extension à l'Europe du bouclier antimissile américain «pour protéger les États-Unis et l'Europe contre la menace qui se développe en Iran».

Un responsable du Kremlin cité par l'agence Itar-Tass a de nouveau manifesté son irritation devant ce projet, et signifié attendre l'avènement de M. Obama.