Le président libanais, Michel Sleimane, a déclaré que les mouvements de l'armée syrienne près de la frontière libanaise visaient à «lutter contre la contrebande», selon un communiqué de la présidence reçu par l'AFP samedi.

Il a dit avoir contacté son homologue syrien Bachar al-Assad qui a «clarifié que ces démarches s'inscrivaient dans le cadre des mesures adoptées par les autorités syriennes depuis un certain temps pour lutter contre la contrebande» à travers la frontière syro-libanaise, souligne le texte. «Ces mesures ont été convenues à la suite du sommet» entre MM. Assad et Sleimane en août, ajoute par ailleurs l'agence de presse officielle.

M. Sleimane s'exprimait vendredi soir devant le Conseil des ministres, qui a duré plus de cinq heures.

Le premier ministre, Fouad Siniora, a pour sa part souligné «la nécessité d'une coordination sur le plan sécuritaire et militaire» entre les deux pays concernant cette question.

L'armée libanaise a fait état en septembre du déploiement de quelque 10 000 soldats des forces spéciales syriennes dans la région d'Abboudiya, à la frontière avec le Liban (nord).

Des membres de la majorité parlementaire anti-syrienne au Liban ont alors évoqué un «prétexte» pour un retour des forces syriennes dans leur pays.

Lundi, les États-Unis se sont aussi inquiétés des mouvements de troupes syriennes, avertissant que l'attentat qui a récemment frappé Damas ne saurait «servir de prétexte» à une ingérence dans les affaires libanaises.

«Ces mesures visent à contrôler la frontière (avec le Liban) à partir du territoire syrien uniquement et nous n'avons pas d'autres intentions», a affirmé mercredi une source officielle syrienne, niant indirectement toute intention d'un retour des forces syriennes au Liban.

La Syrie, ancienne puissance de tutelle, a été contrainte de quitter en 2005 le Liban où les troupes syriennes étaient présentes depuis près de 30 ans.

Au Caire, où il se trouvait en visite, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a estimé que les troupes syriennes «ne menacent personne».

«Nous avons constaté que des forces syriennes étaient massées à la frontière libanaise. Cela a inquiété nos amis libanais», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

«Nous nous sommes renseignés, mais pour le moment ces troupes n'ont pas bougé. Nous ne savions pas s'il s'agissait de prendre des précautions face aux deux camps palestiniens (...)», a-t-il ajouté, en allusion aux camps de Baddaoui et Nahr el-Bared, dans le nord du Liban.

«Nous ne savons pas pourquoi il y a eu ce mouvement, mais enfin ils ne menacent personne», a-t-il conclu.