L'Afghanistan va demander son aide active à l'Otan contre le trafic de drogue qui permet aux talibans de se constituer un trésor de guerre, a indiqué jeudi le ministre afghan de la Défense Abdul Rahim Wardak, soutenu par son homologue américain Robert Gates.

 

«Je voudrais que l'OTAN soutienne nos efforts dans le cadre de la campagne contre le trafic de stupéfiants. C'est ce que je vais lui demander», a déclaré M. Wardak à la presse avant un déjeuner de travail à Budapest avec l'ensemble des ministres de la Défense des 26 pays membres de l'Alliance atlantique qui sera centré sur l'Afghanistan.

L'Afghanistan produit 92% de l'opium et de l'héroïne dans le monde et les talibans financent largement leurs activités hostiles au gouvernement du président Hamid Karzai grâce à ce trafic auquel ils s'associent dans le le sud du pays où ils sont le mieux implantés.

Le secrétaire américain à la Défense a apporté jeudi son soutien à la demande afghane.

«Le trafic de drogue n'est pas seulement corrosif pour la bonne gouvernance, en raison de sa contribution à la corruption, il finance aussi directement les gens qui tuent des Afghans, des Américains, et nos partenaires de la coalition» sous le drapeau de la force internationale (Isaf) commandée par l'OTAN, a-t-il déclaré à Budapest.

Il a précisé qu'il ne demandait pas à l'OTAN de se lancer dans l'éradication des cultures de pavot, alors que certains alliés, comme l'Allemagne, craignent qu'une telle entreprise ne monte la population afghane contre les soldats de l'Isaf dans les zones rurales.

Toutefois, a-t-il ajouté, «si nous avons la possibilité de pourchasser les seigneurs de la drogue et les laboratoires, et essayer d'interrompre ce flot d'argent frais profitant aux talibans, il me semble que c'est une tâche sécuritaire légitime».

Selon lui, les talibans tirent «entre 60 et 80 millions de dollars par an au moins» du trafic de drogue.

Le commandant en chef de l'OTAN, le général américain John Craddock, comptait également plaider en ce sens lors de la réunion des ministres de la Défense de l'organisation qui doit durer deux jours dans la capitale hongroise.

Il avait fait part lundi de son intention de demander formellement aux ministres d'autoriser l'Isaf, forte de 50 700 soldats, à participer au démantèlement des réseaux de trafiquants en Afghanistan.