(Paris) À moins de neuf mois de la réouverture prévue de Notre-Dame de Paris, ravagée par un incendie en 2019, les « délais et le budget » du chantier de reconstruction sont tenus, a assuré mercredi Philippe Jost, à la tête de l’établissement public qui en a la charge.

« Nous tenons délais et budget », a déclaré M. Jost, interrogé sur ce « chantier hors du commun » par la commission de la culture du Sénat, la chambre haute du Parlement français. Il intervenait à deux semaines du cinquième anniversaire de l’incendie survenu le 15 avril 2019.

La réouverture de la cathédrale est prévue le 8 décembre. Notre-Dame pourra accueillir un « maximum de 12 à 15 millions de visiteurs par an » contre 12 millions en moyenne avant l’incendie, a expliqué M. Jost.

Retraçant les étapes de cette reconstruction, il a salué le travail des « 250 entreprises » et « des métiers d’art » à l’œuvre sur le chantier. Les travaux effectifs de reconstruction ont débuté au printemps 2022 après une phase de déblaiement des décombres et de sécurisation de l’édifice, d’un coût de « 150 millions d’euros ».

M. Jost, qui a succédé au général Jean-Louis Georgelin décédé brutalement l’été dernier, a estimé que, « dans cette dernière ligne droite exigeante », le budget de la reconstruction devrait rester, sauf imprévu, « en deçà des 550 millions d’euros fixés ».

Il restera alors « environ 150 millions d’euros » sur les 846 millions recueillis via une souscription, qui seront « réaffectés à des restaurations urgentes des extérieurs » de la cathédrale.

Les façades de Notre-Dame sont notamment endommagées par des pathologies de la pierre, antérieures à l’incendie.  

« Pérennité »

Ces restaurations seront pilotées par l’établissement public à partir de 2025, a-t-il précisé.

« Morceau de bravoure » et résultat probablement le plus visible de cette « blessure refermée mi-mars », selon ses termes, la flèche, qui avait transpercé la nef en s’effondrant dans les flammes, a été reconstruite à l’identique et pointe à nouveau dans le ciel de Paris au fur et à mesure de l’enlèvement de l’échafaudage qui l’entoure.  

La pose de la couverture en plomb se poursuit sur sa charpente en chêne massif et ses éléments de décors retrouvent également progressivement leur emplacement.

Les charpentes de la cathédrale qui avaient brûlé ont, elles aussi, été reconstruites en chêne massif, « avec du bois chevillé sans aucun boulon », a souligné M. Jost.

« Nous restaurons pour au moins 860 ans, en reprenant les modes opératoires (les savoir-faire artisanaux médiévaux, NDLR) et les matériaux d’origine », a-t-il dit, évoquant un « parti pris qui n’est pas seulement esthétique, mais de durabilité et de pérennité ».

Concernant la protection-incendie, outre l’installation d’un système de brumisation qui se déclenche automatiquement en cas de départ de feu, M. Jost a annoncé le « cloisonnement des charpentes afin d’éviter que le feu ne se propage rapidement » et « l’assurance d’un accès à 600 m3 d’eau par heure pour les pompiers ».

Côté sanitaire, un « système de filtration des eaux de pluie » qui ruissellent entraînant la dispersion d’environ « 10 kg de plomb par an » va être expérimenté en 2025, a-t-il également annoncé.