(Kyiv) « La situation est catastrophique » à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne bloquée par les routiers polonais, où des milliers de camions sont coincés, a déclaré vendredi le commissaire ukrainien chargé des droits de l’Homme.

« La situation est catastrophique. Les chauffeurs ukrainiens sont dans une situation tellement désastreuse qu’ils prévoient d’entamer une grève de la faim si les choses ne s’améliorent pas ! », a déclaré Dmytro Loubinets sur Telegram.

Les gardes-frontières ukrainiens ont fait état vendredi de quelque 2100 camions bloqués du côté polonais de la frontière.

Des entreprises routières polonaises bloquent depuis début novembre plusieurs points de passage, dénonçant ce qu’ils considèrent comme la « concurrence déloyale » de leur voisin.  

Elles disent notamment avoir vu leurs revenus chuter et en imputent la responsabilité à l’abandon d’un système de permis qui régissait l’entrée des compagnies de transport ukrainiennes dans l’UE.

Moins de trois semaines après le début du blocage, les pertes économiques ukrainiennes ont été estimées à « plus de 400 millions d’euros » par la fédération des employeurs ukrainiens, qui réunit environ 8000 entreprises.  

Le commissaire ukrainien aux droits de l’homme Dmytro Loubinets a indiqué avoir contacté son homologue polonais, Marcin Wiacek, mais n’avoir pas encore reçu de réponse.

Selon M. Loubinets, les autorités de Kyiv préparent « l’évacuation » de chauffeurs ukrainiens bloqués en Pologne et prévoient de leur fournir de la nourriture, de l’eau, des médicaments et du carburant. Il n’a pas donné de détails sur la façon dont seraient menées ces évacuations.

Par ailleurs, les routiers slovaques, eux aussi, ont commencé vendredi à bloquer un poste-frontière avec l’Ukraine pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une concurrence déloyale de la part de leurs homologues ukrainiens.  

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Des camionneurs polonais ont bloqué un point de passage avec l’Ukraine près du village d’Hrebenne, le 19 novembre.

Une situation précaire pour l’Ukraine, qui compte beaucoup sur la route pour exporter ses productions et se ravitailler, car le transport maritime, notamment en mer Noire, a été entravé par l’invasion russe lancée depuis bientôt deux ans.  

Au moins deux cycles de négociations entre Kyiv, Varsovie et les camionneurs ont échoué.  

Varsovie a déclaré cette semaine qu’elle procéderait à des « contrôles renforcés » des camions ukrainiens sur les routes menant à la frontière, afin d’apaiser les protestations des transporteurs.  

Le co-organisateur des protestations polonaises, Rafal Mekler, est chef d’un mouvement d’extrême droite.

La Pologne a accueilli plus d’un million de réfugiés ukrainiens depuis la guerre avec la Russie. Mais les relations avec l’Ukraine se sont crispées lors des élections législatives polonaises de cet automne, lorsque le parti au pouvoir a multiplié les discours nationalistes et les prises de bec avec Kyiv.