En France, Gérald Darmanin place ses pions en vue de succéder à Emmanuel Macron.

Nom

Gérald Moussa Darmanin

Âge

40 ans

Fonction

Ministre de l’Intérieur français

Signes distinctifs

Ambition, autorité, sécurité

Pourquoi on en parle

Parce qu’il se fait particulièrement visible en cette rentrée politique. Il vient d’organiser un grand rendez-vous, chez lui à Tourcoing (Nord, près de Lille), en présence de plusieurs ministres et de la première ministre Élisabeth Borne. L’évènement, digne d’un chef de parti en campagne, a été largement commenté dans les médias.

Ce que cela nous dit

Que Darmanin commence à placer ses pions en vue de la prochaine élection présidentielle. Dans trois ans et demi, Emmanuel Macron aura fait ses deux mandats et ne pourra pas se représenter. Ce jeune « quadra ambitieux » ne cache pas son ambition de lui succéder, même si la course n’est pas officiellement lancée. « Ce qui m’intéresse, ce n’est plus de regarder ce qu’il s’est passé en 2017 et 2022. Ce qui m’inquiète maintenant, c’est ce qui se passera en 2027 », a-t-il notamment déclaré dans les colonnes du Figaro.

Son « pitch »

Le « premier flic de France » (surnom donné au ministre de l’Intérieur) se présente ouvertement comme le champion de la lutte contre l’insécurité et l’immigration. Pour lui, « la sécurité est la première des politiques sociales ». Son discours musclé, qui empiète sur les platesbandes de la droite dure et de l’extrême droite, vise à faire rempart contre Marine Le Pen, dont les chances de l’emporter en 2027 sont « assez probables », selon lui. Il se pose en porte-voix de la France périphérique, un électorat dont il prétend défendre les inquiétudes et les questionnements.

Héritier de Sarkozy

Sa stratégie n’est pas sans rappeler celle d’un certain Nicolas Sarkozy en 2007, ministre de l’Intérieur devenu président. « Il veut ressusciter ce mythe qui parle au centre droit, qui parle d’autorité, qui n’a pas peur de ne pas être toujours politiquement correct et affirme beaucoup ses ambitions, souligne le politologue Bruno Cautrès, chercheur à Sciences Po Paris. Il veut ressusciter l’idée qu’il pourrait faire comme Sarkozy en 2007, lorsqu’en ayant une campagne électorale sur l’intégration, l’immigration, l’autorité et la sécurité, il avait réduit Jean-Marie Le Pen à 10 %. »

Reconnu par le « père »

Sarkozy lui-même semble reconnaître la filiation. Dans son livre Le temps des combats, tout juste paru en France, l’ancien président affirme que ce « quadragénaire des plus prometteurs » aurait « des qualités évidentes » pour briguer l’Élysée. « Saura-t-il franchir une autre étape, voire l’étape ultime, celle qui mène à la présidence de la République ? Je le lui souhaite, car il a des qualités évidentes », écrit l’ancien chef de l’État, ajoutant que le « succès » de cet « ami » lui ferait plaisir.

PHOTO PHILIPPE HUGUEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) et Gérard Darmanin, alors qu’il était son directeur de campagne pour l’élection présidentielle de 2017

Les deux hommes ont tous deux des origines modestes, n’ont pas fait les grandes écoles et sont issus du parti UMP, devenus Les Républicains (LR, droite).

Une personnalité qui divise

S’il séduit à droite, Darmanin est honni par la gauche « bobo-libérale » (c’est lui qui le dit) et vivement critiqué pour sa politique du maintien de l’ordre. Pour lui, il n’y a « pas de violences policières » en France, mais seulement des actes disproportionnés commis par des individus, comme celui qui a causé la mort du jeune Nahel au début de l’été. L’homme a par ailleurs été mis en cause dans deux affaires d’agression sexuelle, l’une classée sans suite et l’autre conclue par un non-lieu.

Les pronostics

Darmanin a le profil pour recomposer le centre droit en France, en lambeaux depuis la déroute du parti LR aux dernières élections. Il ne sera cependant pas le seul politicien conservateur dans la course à la succession de Macron. Ses plus sérieux rivaux sont le ministre actuel de l’Économie, Bruno Le Maire, et l’ancien premier ministre Édouard Philippe, qui dispose d’une sérieuse longueur d’avance. Selon un sondage BFMTV paru fin août, Philippe récoltait 31 % d’opinion favorable chez les Français, contre 16 % pour Le Maire et 12 % pour Gérald Darmanin. « Par rapport à Édouard Philippe, il lui manque une organisation politique, conclut Bruno Cautrès. Philippe a solidement structuré son mouvement Horizon et a beaucoup d’élus locaux de centre et centre droit. Il a tissé sa toile et continue d’avoir un capital de popularité très important. »