(Kyiv) L’Ukraine a annoncé vendredi qu’un de ses drones avait touché un navire de guerre russe dans une base de la mer Noire, la Russie affirmant en outre avoir repoussé des raids aériens sur la Crimée annexée.

Dans une vidéo obtenue par l’AFP, on voit un drone naval foncer vers la silhouette assombrie d’un bateau avant que la connexion ne soit brusquement coupée.  

L’opération dans laquelle était visé le navire de débarquement Olenegrorski Gorniak à Novorossïisk, un port du sud-ouest de la Russie, a été « réussie », a déclaré vendredi à l’AFP une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU).  

« L’objectif était de montrer que l’Ukraine pouvait attaquer n’importe quel navire de guerre russe dans cette zone », a ajouté cette source.  

« Un nouveau bateau russe est sur le point de sombrer », a commenté le ministère ukrainien des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux, à côté d’une vidéo montrant un bâtiment fortement incliné sur le côté.

PHOTO PLANET LABS PBC VIA ASSOCIATED PRESS

Cette photo satellite de Planet Labs PBC semble montrer le navire de débarquement russe endommagé Olenegrorski Gorniak alors qu’il est amarré à Novorossïisk, en Russie, le 4 août.

La Russie a quant à elle assuré avoir repoussé une tentative ukrainienne ayant impliqué « deux bateaux sans équipage » contre cette base.

Les drones navals « ont été visuellement détectés et détruits par les tirs » des navires russes, a dit le ministère de la Défense, qui a annoncé dans un autre communiqué avoir abattu 13 appareils sans pilote au-dessus de la Crimée, précisant qu’il n’y avait eu ni victimes ni dégâts.

Il s’agit de la première attaque de ce genre contre Novorossïisk, un grand port pétrolier et terminus d’un oléoduc d’environ 1500 km provenant des champs pétrolifères de l’ouest du Kazakhstan et des régions russes situées au nord de la mer Caspienne. La majeure partie du pétrole kazakh destiné à l’exportation transite par ce tuyau.

Le Consortium du pipeline de la Caspienne (CPC), qui exploite l’oléoduc, a déclaré dans un communiqué qu’aucun dégât n’avait été signalé et que le pétrole continuait à être acheminé normalement à bord des navires à quai dans le port, après une brève interdiction de déplacement des bâtiments dans la zone.

« Détruire la flotte russe »

La flotte russe de la mer Noire, dont la principale base est à Sébastopol, en Crimée, a été prise pour cible à plusieurs reprises depuis le début de l’offensive de Moscou en Ukraine en février 2022 mais les attaques se sont multipliées ces dernières semaines.

Mardi, la Russie a ainsi affirmé avoir déjoué une frappe de trois drones navals ukrainiens contre des patrouilleurs à 340 kilomètres au sud-ouest de Sébastopol. Une opération similaire avait eu lieu une semaine plus tôt.

« Que se passe-t-il en mer Noire ? Les drones sont en train de modifier les règles du jeu », a écrit vendredi sur X (ex-Twitter) un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podolyak, ajoutant qu’ils permettaient de « détruire la valeur de la flotte russe ».

Kyiv, qui a déclenché début juin une contre-offensive pour reprendre les territoires conquis par Moscou, avec des progrès modestes pour l’heure, clame son intention de récupérer la Crimée, que la Russie a annexée en 2014.

PHOTO VIKTOR KOROTAYEV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Cette photo montre une détonation causée par un incendie sur un terrain d’entraînement militaire dans le district de Kirovsky en Crimée, le 19 juillet.

Plusieurs attaques de drones avaient déjà été lancées contre cette péninsule fin juillet. Dimanche, les autorités russes de Crimée avaient notamment affirmé avoir détruit 25 de ces engins.

Depuis qu’elle s’est retirée le mois dernier d’un accord qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses céréales, la Russie bombarde de son côté la région d’Odessa, sur la mer Noire.

Choïgou sur le front

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est pour sa part rendu dans la zone de l’opération militaire en Ukraine pour inspecter un poste de commandement et s’entretenir avec des officiers de haut rang, a fait savoir Moscou.

M. Choïgou s’est fait présenter un rapport sur la situation actuelle sur le front et « a remercié les commandants et les [autres] militaires […] pour des actions offensives réussies » dans la zone de Lyman, dans l’est de l’Ukraine, a déclaré l’armée russe dans un communiqué, sans préciser quand ce déplacement a eu lieu.

PHOTO MINISTÈRE RUSSE DE LA DÉFENSE VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou (au centre) parle avec de hauts responsables militaires lors de sa visite dans la zone de l’opération militaire en Ukraine, le 4 août.

Le président Volodymyr Zelensky a admis jeudi soir que la contre-offensive ukrainienne était difficile, faisant état des combats « très violents » dans les zones orientales clés de Lyman, Bakhmout et Avdiïvka mais aussi sur le front sud.

Il estime toutefois que, « quoi que fasse l’ennemi, c’est l’armée ukrainienne qui domine ».

En 2022, l’Ukraine a repris des pans de territoire autour de Kherson (Sud) et de Kharkiv (Nord-Est) à l’issue de rapides contre-offensives. Mais les forces ukrainiennes sont désormais confrontées à des positions défensives russes bien ancrées et renforcées pendant des mois.

L’Ukraine a averti que son actuelle contre-offensive pourrait être longue et a exhorté ses alliés à lui envoyer plus d’armes.

PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, ARCHIVES REUTERS

Un soldat russe devant la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a de son côté déclaré vendredi n’avoir « observé aucune mine ou explosif » sur les toits de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, après que Kyiv eut accusé début juillet Moscou d’y avoir placé des « objets similaires à des engins explosifs ».