(Londres) Si l’avenir politique de Boris Johnson est incertain après son départ du Parlement britannique, sa carrière médiatique est assurée : l’ex-premier ministre a été embauché vendredi comme éditorialiste par le tabloïd conservateur Daily Mail, un retour au journalisme déjà controversé.

Le quotidien spécialiste des Unes tapageuses contre les écologistes, l’administration ou le prince Harry, a ardemment soutenu l’ex-dirigeant conservateur tout au long du « partygate », le scandale des fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-COVID-19 qui a entraîné son départ du pouvoir l’été dernier.

Une semaine après l’annonce de sa démission de son mandat de député et au lendemain d’un rapport parlementaire le reconnaissant coupable d’avoir menti au Parlement et l’accusant d’attaques contre la démocratie, le journal a affirmé en une vendredi avoir recruté un mystérieux « nouvel éditorialiste érudit » dont les propos seront attendus « à Westminster et dans le monde entier ».

Le Daily Mail a confirmé dans la journée l’évidence : il s’agira de Boris Johnson, qui publiera un éditorial tous les samedis dans ses colonnes, et ce dès cette semaine.

Dans une vidéo publiée sur le site du journal, il promet : « Je dirai exactement ce que je pense »… Il précise prévoir parler de politique « aussi peu que possible ».

« Cheddar et chorizo »

De fait, le premier texte de l’ex-dirigeant qui a déjà évoqué ses problèmes de surpoids est consacré à son essai infructueux d’un médicament coupe-faim quand il était au pouvoir, grâce auquel il espérait « cesser ses descentes au frigo à 23 h 30 pour du cheddar et du chorizo ».

Cette activité lui apportera une visibilité médiatique importante, lui qui est entré en guerre ouverte contre son successeur Rishi Sunak et n’a pas exclu un retour.  

Cela représentera aussi une source de revenus confortables pour Boris Johnson, qui fête lundi ses 59 ans, s’apprête à avoir un huitième enfant et vient d’acheter un manoir près d’Oxford. Politico affirme qu’il va gagner plusieurs centaines de milliers d’euros par an.  

Ces sommes viendront s’ajouter aux millions qu’ont rapporté ses discours dans des conférences depuis son départ de Downing Street.

Mais son embauche a déjà été étrillée par la commission chargée d’encadrer les nominations d’élus dans le privé afin d’éviter les conflits d’intérêts. Cette dernière a estimé ne pas avoir été prévenue à temps pour rendre un avis.

« Une demande reçue 30 minutes avant l’annonce d’une nomination représente une claire violation des règles », a estimé une porte-parole.

Un porte-parole de Boris Johnson a assuré qu’il était « en contact » avec la commission – qui ne peut pas imposer de sanctions – et que « les procédures normales » étaient respectées.

Avant de se consacrer à la politique comme maire de Londres et dans plusieurs gouvernements, Boris Johnson avait commencé comme journaliste stagiaire au Times grâce à des relations familiales. Il en avait été rapidement renvoyé pour une citation inventée.

Il était devenu en 1989 correspondant à Bruxelles du Daily Telegraph, où il étrillait les institutions européennes, avant de devenir chroniqueur politique à Londres pour ce quotidien conservateur et le magazine The Spectator.