(Moscou) Un « engin explosif » a provoqué lundi le déraillement et l’incendie d’un train de marchandises dans la région russe de Briansk frontalière de l’Ukraine, un incident rare qui n’a pas fait de victimes, selon les autorités.

En pleine crainte d’opérations de sabotage et d’attentats en Russie, une ligne à haute tension a également été endommagée lundi par un engin explosif dans la région de Leningrad (Nord-Ouest).

Ces incidents surviennent au lendemain d’une frappe ukrainienne qui a tué quatre personnes dans un village de la région de Briansk et deux jours après une attaque de drones qui a provoqué un énorme incendie dans un dépôt de pétrole en Crimée annexée.  

Lundi, Alexandre Bogomaz, le gouverneur de la région de Briansk a déclaré sur Telegram qu’« un engin explosif non identifié s’est déclenché, ce qui a entraîné le déraillement d’un train de marchandises ».

Dans des communiqués distincts, la compagnie des chemins de fer russes a précisé que l’incident avait eu lieu à 10 h 17 locales (3 h 17 heure de l’Est) entre les localités d’Ounetcha et de Rassoukha, situées à une soixantaine de kilomètres au nord de la frontière ukrainienne, et que la circulation était interrompue sur ce tronçon.

Selon cette source, la locomotive du train et deux citernes ont pris feu après avoir déraillé et l’incendie a été maitrisé par les pompiers en début d’après-midi. La compagnie affirme que, outre la locomotive, sept wagons ont déraillé : quatre d’entre eux contenaient des hydrocarbures, les autres des matériaux de construction.

Pour sa part, la compagnie biélorusse des chemins de fer a indiqué dans un communiqué en fin d’après-midi qu’il s’agissait d’un de ses trains, parti de la ville biélorusse de Gomel et avec pour destination Briansk.

D’après cette source, l’engin explosif a explosé à « 50 mètres » du train. Des images diffusées par plusieurs médias ont montré la locomotive et des wagons en feu, couchés près des rails.

Une première

La Biélorussie, pays allié de Moscou servant de base arrière aux troupes russes, a déjà signalé ces derniers mois des sabotages sur ses voies ferrées et arrêté des personnes accusées d’avoir organisé de telles actions.

La Russie a aussi été confrontée à des actes de sabotage sur des bases militaires, dans des centres de recrutement de l’armée ou encore sur des voies ferrées depuis le début de l’offensive contre l’Ukraine, fin février 2022.

Plus de 65 personnes suspectées de sabotage ferroviaire ont été arrêtées en Russie depuis l’automne dans une vingtaine de régions du pays, selon un décompte du média d’opposition russe Mediazona publié mi-avril.

Les autorités russes ont aussi dénoncé à plusieurs reprises des incursions de groupes armés ukrainiens sur son territoire, notamment dans la région de Briansk.

Mais c’est la première fois qu’un déraillement aussi spectaculaire est signalé publiquement.

De son côté, le gouverneur de la région de Leningrad, Alexandre Drozdenko, a affirmé lundi qu’une ligne à haute tension avait été endommagée par un engin explosif près du village de Soussanino, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Saint-Pétersbourg (Nord-Ouest).

Sur Telegram, le gouverneur a publié des photos montrant un pylône électrique renversé et étendu au sol, près d’une zone boisée. Selon lui, les services de sécurité russes (FSB) ont ouvert une enquête pour « sabotage ».

Un drone a par ailleurs été « abattu » lors d’une « attaque » ukrainienne sur la ville de Sébastopol, en Crimée annexée, que la flotte russe et la défense antiaérienne ont « repoussée », a affirmé sur Telegram son gouverneur, Mikhaïl Razvojaïev.

« Tous les services de la ville sont en alerte », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Ces dernières semaines, les autorités russes martèlent que le risque terroriste est démultiplié. De nombreux évènements publics organisés début mai pour de grandes fêtes nationales ont été annulés en raison de menaces jugées trop élevées.