(Athènes) Des centaines de réfugiés ont manifesté samedi pour protester contre la politique migratoire très restrictive d’Athènes, accusant le gouvernement conservateur grec d’« assassiner » des demandeurs d’asile par ses refoulements illégaux.

« Arrêtez les refoulements, à bas ce gouvernement d’assassins », clamait une banderole au rassemblement organisé devant le Parlement. Une autre disait : « Le sang des innocents réclame justice ».

Certains manifestants brandissaient des pancartes portant la date du naufrage de bateaux de migrants dans la mer Égée.

D’autres protestataires ont fait le lien entre la mort de migrants en mer et la tragédie ferroviaire du 28 février, reprochée au gouvernement du premier ministre Kyriakos Mitsotakis, qui a fait 57 morts. « Mitsotakis, tu as du sang sur les mains — des enfants morts dans la mer, des enfants morts dans les trains », ont scandé les manifestants.

Depuis son arrivée au pouvoir il y a quatre ans, le gouvernement conservateur grec a renforcé ses frontières maritimes et terrestres avec la Turquie, dans le but de juguler l’immigration illégale.

Le ministre grec de la police Takis Theodorikakos a annoncé cette semaine qu’un contrat allait être signé « dans les prochains jours » pour construire une extension de 35 km à la clôture métallique installée par Athènes sur sa frontière turque.

La dernière tragédie dans les eaux grecques a vu la mort d’un homme et d’une femme début mars, lorsqu’un hors-bord transportant une trentaine de personnes a coulé près de l’île de Kos.

Un mois plus tôt, une femme et un homme s’étaient noyés lorsqu’un canot pneumatique transportant 41 demandeurs d’asile s’était écrasé sur la côte rocheuse de l’île de Lesbos.

En janvier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait indiqué que l’UE voulait nouer des accords migratoires avec des pays comme le Bangladesh, le Pakistan, l’Égypte, le Maroc, la Tunisie et le Nigeria, « pour améliorer les retours […] et prévenir les départs ».

La Grèce a expulsé et rapatrié plus de 8000 personnes ces deux dernières années, selon le ministère des Migrations.

Le gouvernement grec a toujours rejeté les accusations de refoulement de réfugiés, malgré des accusations en ce sens venant des intéressés eux-mêmes, d’ONG de défense des droits humains et même du rapporteur spécial des Nations unies pour les droits des migrants. « En Grèce, les refoulements aux frontières terrestres et maritimes sont de facto devenus systématiques », avait déclaré l’an dernier le rapporteur de l’ONU, Felipe Gonzalez Morales.