(Belgrade) Le président serbe Aleksandar Vucic a promis de ne jamais reconnaître le Kosovo, après avoir refusé de signer un pacte promu par l’UE visant à normaliser les relations entre les deux anciens ennemis.

Les dirigeants serbe et kosovar se sont retrouvés lundi à Bruxelles après d’intenses pressions de l’Union européenne pour s’accorder sur un plan fixant le cadre d’une potentielle « reconnaissance de facto » et d’une normalisation des relations entre les deux parties.  

Malgré les assurances de responsables européens sur le feu vert donné par les deux rivaux à un accord de principe, les discussions n’ont pas abouti, Pristina et Belgrade s’imputant mutuellement la responsabilité de l’impasse et déclarant que de nombreux points restaient à régler.

Le chef de l’État serbe s’est adressé mardi soir à son opinion publique en déclarant qu’il ne reconnaîtrait jamais le Kosovo et n’avait aucune intention d’aider ce territoire à entrer aux Nations unies.

« Tant que je serai président,  je ne signerai ni n’accepterai une reconnaissance officielle ou officieuse du Kosovo ou que le Kosovo rejoigne l’ONU », a-t-il déclaré à la télévision serbe.

La Serbie refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province dont la population est en grande majorité albanaise. Depuis la guerre meurtrière entre rebelles indépendantistes albanais et forces serbes, qui prit fin avec des bombardements de l’OTAN à la fin des années 1990, les relations entre Pristina et Belgrade sont tendues.

Aleksandar Vucic a cependant déclaré qu’il était prêt à discuter d’autres sujets mais seulement si le Kosovo acceptait de créer une Association des municipalités en majorité peuplées de Serbes qui donnerait aux Serbes du Kosovo une certaine autonomie.

« Je suis ouvert à tout le reste, non seulement parce que cela nous aidera à avancer sur la voie européenne mais aussi parce c’est bon pour les relations entre Serbes et Albanais ».  

PHOTO JOHANNA GERON, REUTERS

Albin Kurti

Mais pour le premier ministre kosovar Albin Kurti, tout accord doit prévoir la reconnaissance sous une forme ou une autre de l’indépendance du Kosovo.

Dans un tweet, il a accusé mercredi le président serbe de faire preuve de mauvaise foi. « La normalisation des relations n’est possible que si les deux parties négocient en toute bonne foi. La Serbie a apparemment décidé de ne pas le faire ».

Avant la rencontre de Bruxelles, un haut responsable européen avait déclaré que les deux anciens ennemis avaient déjà accepté le projet tenu secret jusqu’à sa publication lundi soir.  

Une nouvelle réunion des dirigeants serbe et kosovar sous les auspices de l’UE est prévue pour le 18 mars en Macédoine du Nord.

La question du Kosovo reste obsessionnelle pour une partie des 6,7 millions de Serbes, qui considèrent ce territoire comme le berceau national et religieux de leur pays.  

Le Kosovo compte environ 120 000 Serbes parmi ses 1,8 million d’habitants et beaucoup d’entre eux refusent toute loyauté à Pristina, encouragés en cela par Belgrade. C’est particulièrement vrai dans le nord de ce territoire, près de la frontière avec la Serbie, théâtre de heurts fréquents et de manifestations.