(Moscou) Le patron des paramilitaires russes de Wagner a jugé que Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, ne tomberait pas avant « mars ou avril », s’en prenant à la « bureaucratie militaire » qui freine selon lui l’offensive.  

Ses propos interviennent à un moment où la Russie est en quête d’une victoire à quelques jours du premier anniversaire du déclenchement du conflit, le 24 février, et sur fond d’intensification ces dernières semaines de son assaut dans la partie orientale du territoire ukrainien.

« Je pense que c’est mars ou avril. Pour prendre Bakhmout, il faut couper toutes les routes d’approvisionnement » ukrainiennes, a dit Evguéni Prigojine, fondateur du groupe Wagner, dans une vidéo publiée sur l’internet.

« Je pense qu’on aurait pris Bakhmout s’il n’y avait pas cette monstrueuse bureaucratie militaire et si on ne nous mettait pas des bâtons dans les roues tous les jours », a poursuivi M. Prigojine dans une autre vidéo, étalant sur la place publique ses différends avec la hiérarchie militaire.

Les États-Unis et leurs alliés préparent l’adoption de nouvelles sanctions contre la Russie pour le premier anniversaire de l’offensive, a déclaré jeudi à des journalistes Victoria Nuland, secrétaire d’État adjointe aux affaires politiques.

« Vous allez voir autour du 24 un nouveau gros paquet de sanctions des États-Unis et de tous nos alliés partenaires du G7 », a-t-elle indiqué. « Ces sanctions vont approfondir et élargir dans certaines catégories les mesures que nous avons déjà prises, tout particulièrement pour limiter le flux de technologies vers l’industrie de la défense russe ».

« Possible » accord sur des avions

Le dossier ukrainien figure également au menu de la Conférence de Munich sur la sécurité qui rassemble vendredi plus de 150 représentants gouvernementaux, dont le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, et à laquelle la Russie n’a pas été invitée cette année.

L’influent sénateur démocrate Sheldon Whitehouse, dans un entretien avec l’AFP, a estimé « possible » qu’un accord soit trouvé à Munich sur la livraison d’avions de combat à Kyiv.

Le chef de la diplomatie israélienne Eli Cohen a pour sa part effectué jeudi la première visite d’un ministre de l’État hébreu en Ukraine depuis le début de l’offensive russe.

« Israël est résolument solidaire des Ukrainiens et reste attaché à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a déclaré M. Cohen.

« Israël s’oppose fermement au meurtre de civils innocents », a-t-il encore martelé, après s’être rendu dans la ville martyre de Boutcha, symbole des atrocités dont est accusée la Russie, et au mémorial de Babi Yar, symbole de l’extermination des juifs d’Ukraine par les nazis.

Il a ensuite rouvert officiellement l’ambassade israélienne à Kyiv, un geste diplomatique fort alors que, jusqu’ici, Israël avait pris soin de rester neutre dans ce conflit.

Evguéni Prigojine a également estimé que le fait que Wagner ne puisse plus recruter de prisonniers en échange d’une amnistie constitue une « saignée » pour son organisation, en première ligne à Bakhmout.

Interrogés par l’AFP jeudi, des officiers ukrainiens dans cette cité ont affirmé que le moral restait élevé, malgré les récentes avancées russes.

« Nous devons reconnaître les succès de l’ennemi. Il y a une armée russe régulière ici » dont l’artillerie tire « avec précision », a dit Artiom, commandant adjoint d’une unité des gardes-frontières ukrainiens.

« Préparés pour le long terme »

L’intensification des combats dans l’est intervient avant l’entrée prochaine du conflit dans sa seconde année et à un moment où la Russie est soupçonnée de préparer un nouvel assaut d’ampleur.

« Nous devons être préparés pour le long terme, cela peut durer de très nombreuses années », a averti jeudi le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, dans un entretien avec l’AFP.

« Nous sommes là pour nous assurer que l’Ukraine gagne cette guerre », a-t-il promis.

Les Occidentaux devraient livrer dans les semaines à venir à l’Ukraine chars modernes, autres blindés et missiles de longue portée, autant d’armements qui pourraient encore accroître les problèmes de l’armée russe.

Convaincu que son armée l’emportera sur le terrain, le président russe Vladimir Poutine doit, quant à lui, prononcer un important discours le 21 février.

Elle a aussi déclaré avoir récupéré 101 de ses militaires au cours d’un échange de prisonniers avec l’Ukraine, qui a de son côté dit avoir obtenu le retour de 100 soldats et d’un civil.

Seul allié européen de la Russie, le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko a assuré jeudi que son pays ne se joindrait à l’offensive russe que s’il était directement attaqué, des conjectures allant bon train depuis des mois à ce sujet.