(Kyiv) Minsk, allié de Moscou, a affirmé jeudi avoir abattu un missile antiaérien ukrainien au-dessus de son territoire, Kyiv disant dans la soirée « ne pas exclure une provocation délibérée » de la Russie pour « impliquer la Biélorussie dans sa guerre ».

Il s’agit du premier incident de ce type rapporté par Minsk depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, il y a plus de dix mois, et alors que la Biélorussie sert de base arrière aux forces russes.  

Le missile a été abattu dans la matinée par les systèmes de défense antiaériens biélorusses près du village de Gorbakha, dans la région de Brest (sud-ouest), frontalière de l’Ukraine, a affirmé le ministère biélorusse de la Défense dans un communiqué.

« Lors de vérifications, il a été établi à titre préliminaire que les débris appartiennent à un missile antiaérien S-300 lancé depuis le territoire ukrainien », a indiqué le communiqué.

Selon le ministère de la Défense, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a été « immédiatement informé de l’incident ».

Un compte Telegram proche des autorités, repris par l’agence de presse d’État Belta, a diffusé des photos de fragments dans un champ.

Kyiv n’a pas tardé à réagir officiellement, évoquant une possible « provocation » de la part de Moscou pour entraîner la Biélorussie dans sa guerre.

« La partie ukrainienne n’exclut pas une provocation délibérée de l’État terroriste russe, qui a tracé une telle route pour ses missiles de croisière afin de provoquer leur interception dans l’espace aérien au-dessus du territoire de la Biélorussie », a indiqué le ministère ukrainien de la Défense dans un communiqué.

Kyiv s’est aussi dit « prêt à mener une enquête objective en Ukraine sur l’incident survenu le 29 décembre dans le ciel au-dessus du territoire de la Biélorussie », a ajouté le ministère, précisant vouloir coopérer avec des « experts » internationaux dont « les États ne sont pas associés au soutien » de la Russie.

Plus tôt jeudi, Minsk avait convoqué l’ambassadeur ukrainien à Minsk et indiqué vouloir « mener immédiatement une enquête approfondie sur les circonstances du tir de ce missile, punir les responsables et prendre des mesures globales pour empêcher de tels incidents à l’avenir, qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques ».

En novembre, la chute d’un missile sur un village polonais, qui a tué deux personnes, avait fait craindre que l’OTAN ne soit entraînée dans le conflit en Ukraine, car la Pologne est protégée par un engagement de défense collective de l’Alliance Atlantique.

L’Ukraine a accusé la Russie d’avoir tiré ce projectile, mais selon les Occidentaux et Moscou, le missile en question provenait a priori d’un système de défense antiaérien ukrainien ayant dévié de sa trajectoire.