(Paris) La grève des contrôleurs perturbe ce week-end de Noël dans les gares mais les Français pourront rentrer de vacances normalement après le Nouvel An, grâce à un accord validé vendredi entre la SNCF et ses syndicats.

À la gare Montparnasse, les voyageurs se pressaient sur les quais en fin d’après-midi, pour prendre leur train en direction de l’ouest de la France.

« Je m’estime chanceuse », confiait Anne-Marie Cholet, 40 ans, qui rejoignait sa famille à Brest. Partie de Besançon ce matin, aucun de ses trajets n’a été annulé. « Mon retour est prévu le vendredi 30, donc avec l’accord trouvé aujourd’hui, je suis enfin rassurée », témoigne-t-elle, le sourire aux lèvres.

Colin Menis, 26 ans, a moins de chance : son billet de retour du 26 décembre a été annulé. « Je soutiens la grève, mais il faudrait à l’avenir trouver un moyen de toucher la direction en impactant moins les usagers », ajoutait ce professeur d’histoire-géographie.

« Avancées significatives »

Une soirée de négociations jeudi entre les quatre syndicats et la direction de la SNCF a permis de trouver une issue à ce conflit qui se prolongeait depuis fin octobre.

Le collectif de contrôleurs à l’origine de la grève (CNA), ainsi que les deux syndicats SUD-Rail et CFDT, ont souligné dans un communiqué commun que « le conflit aurait pu être évité si les négociations avaient été plus importantes comme cela a été le cas hier soir » et se réjouissent « des avancées significatives » obtenues.

Parmi les mesures actées dans l’accord, la création d’une « direction des chefs de bord » afin d’être plus à l’écoute des problématiques qui pourraient surgir pour les contrôleurs.

La prime spécifique pour les contrôleurs va aussi passer de 600 à 720 euros et la direction s’est engagée à embaucher 200 contrôleurs supplémentaires en 2023, qui s’ajoutent aux 350 déjà prévus.

Enfin, des garanties de déroulement de carrière et de progression de salaires ont été promises par la direction.

Voyage en camion

Rien qui ne change la situation pour les 200 000 voyageurs, sur 800 000, qui ont vu leur train supprimé entre vendredi et dimanche. Un tiers des trains a été annulé vendredi et 40 % samedi et dimanche, presque uniquement des TGV.

Les trains se préparent plusieurs jours en avance et ne peuvent pas être reprogrammés du jour au lendemain, d’autant plus que les grévistes de Noël sont bien couverts par un préavis.

Dans les gares de France, les clients de la compagnie ferroviaire oscillaient entre fatalisme et agacement, mais dans le calme, les voyageurs « annulés » ayant été prévenus plusieurs jours en avance. À la gare de Lyon ou à Montparnasse à Paris, les contrôleurs laissaient parfois monter des passagers pour remplir les dernières places vides, même sans le bon billet.

PHOTO SARAH MEYSSONNIER, REUTERS

Des passagers attendent leur train à la Gare de Lyon, à Paris.

Les clients dont le billet a été annulé disposent de six mois pour remplir le formulaire d’indemnisation en ligne, selon la SNCF.

Une partie des clients dépités de la SNCF se sont tournés vers la voiture : en Île-de-France, près de 350 kilomètres de bouchons étaient observés vers 17 h 30, selon le site Sytadin.

En Saône-et-Loire,  quelques voyageurs abandonnés ont pu monter à bord de camions de l’entreprise de transport Prudent qui le leur proposait pour rejoindre leur famille, selon une information de France Bleu confirmée par l’AFP.  

D’autres ont choisi l’autocar pour arriver à temps pour le réveillon.

PHOTO NOEMIE OLIVE, REUTERS

Des voyageurs s’apprêtent à monter à bord d’un autocar au terminus de Bercy, à Paris.

C’est le cas de Patricia Jouanne, 64 ans, qui attendait vendredi matin son autocar pour Poitiers à la gare routière de Paris-Bercy.

« Je pars, c’est le principal, mais je vais prendre quatre heures au lieu de deux heures. Ça m’énerve un peu, ils embêtent énormément de monde », avance Mme Jouanne à propos des grévistes de la SNCF.

Plus inhabituel, à la gare de Brest, une poignée de grands-parents a manifesté contre la grève qui les a empêchés, selon eux, de voir leur famille.

 « Je voulais que les grévistes SNCF, qui vont nous empêcher tous de voir nos enfants et nos petits enfants, mettent des visages sur les gens qu’ils allaient pénaliser », explique à l’AFP Jean-Luc Péran, retraité de 65 ans, qui porte un bonnet de père Noël et une pancarte « Sans Noël C’est Foutu ».