(Londres) L’ancien premier ministre britannique Boris Johnson ne doute jamais. Il a raté ce qui aurait été un retour spectaculaire à Downing Street, mais s’est immédiatement positionné pour les prochaines élections.

« Je suis prêt », avait-il fait savoir vendredi soir, rentrant en urgence de vacances dans les Caraïbes pour essayer de redevenir premier ministre, quelques semaines seulement après avoir été chassé de Downing Street par son gouvernement lassé d’un trop-plein de scandales et de mensonges.

« Je suis bien placé pour assurer une victoire conservatrice en 2024 », a-t-il affirmé dimanche soir, après avoir renoncé à la course, à l’issue d’un weekend où il a lutté pour obtenir les soutiens nécessaires et tenté en vain de tordre le bras des deux autres candidats.

Dans un Parti conservateur extrêmement divisé, il a au final, selon lui, obtenu 102 parrainages.

En annonçant son retrait, M. Johnson a expliqué avoir essayé « dans l’intérêt national », de parvenir à un accord avec ses rivaux : Rishi Sunak, son ancien ministre des Finances qui avait claqué la porte en juillet et qu’il a rencontré samedi soir, et Penny Mordaunt, ministre des Relations avec le Parlement qu’il avait évincée du gouvernement en 2019.  

Ils ont tous deux refusé de se désister en sa faveur, selon The Telegraph, et Rishi Sunak a désormais le vent en poupe pour entrer à Downing Street.

À 8 h dimanche, Boris Johnson, fatigué par le décalage horaire, mais en costume cravate, y croit encore : il réunit en vidéoconférence une cinquantaine de soutiens déclarés pour leur présenter « une vision pour l’avenir », avec une approche « d’unité », selon le quotidien, et l’engagement de gérer les choses différemment à l’avenir, avec une meilleure organisation au 10 Downing Street.

« Boris a tiré les leçons » de son premier mandat à Downing Street, tweete alors un de ses plus fidèles soutiens, le député James Duddridge, en affirmant qu’il se concentrera « dès le premier jour sur les besoins du pays ».

« Je crois que j’ai beaucoup à offrir, mais je crains que ce ne soit tout simplement pas le bon moment […] Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n’avez pas un parti uni au Parlement », a expliqué Boris Johnson dans le communiqué expliquant son retrait de la course.

Sans pour autant fermer la porte. « Je crois que je suis bien placé pour assurer une victoire conservatrice en 2024 » aux élections législatives a-t-il ajouté, conscient qu’il reste populaire auprès de la base du parti.

Discours très rémunérateurs

En juillet, après avoir été chassé de Downing Street, il avait déjà laissé planer le doute sur un retour.

« Hasta la vista baby » avait-il conclu lors de sa dernière séance de questions au Parlement le 20 juillet. « Mission largement accomplie, pour le moment », avait-il ajouté.

Récemment, il semblait pourtant avoir tourné la page de la politique : il y a quelques jours, il avait donné un discours de 30 minutes devant un parterre international d’assureurs à Colorado Springs aux États-Unis, payé 150 000 dollars selon certains médias. Il venait de déposer les statuts d’une société, « The office of Boris Johnson Limited ».   

Mais pour Alexander Boris de Pfeffel Johnson, 58 ans, orateur brillant à l’aplomb phénoménal, la démission de Liz Truss, après 44 jours calamiteux au pouvoir, était une occasion à ne pas manquer, même si selon un sondage YouGov, 52 % des Britanniques ne voulaient pas de son retour.

L’ancien héraut du Brexit, aux trois années tumultueuses au pouvoir marquées par le scandale des fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-COVID-19, fait toujours l’objet d’une enquête parlementaire pour savoir s’il a menti au Parlement dans le « partygate ».  

Les audiences, télévisées, devraient commencer dans les prochaines semaines. S’il est établi qu’il a menti, il pourrait être suspendu du parlement où il est toujours député.

Mais comme son héros Winston Churchill, dont il a écrit une biographie, il espère toujours revenir un jour à Downing Street.