(Kyiv) L’Ukraine a accusé lundi la Russie de retarder délibérément plus de 165 navires destinés au transport de céréales en prolongeant les inspections menées conformément à un accord conclu sur ces livraisons cruciales pour de nombreux pays d’Afrique et d’Asie.

« Depuis le 14 octobre 2022, les inspecteurs russes assignés au Centre de coordination conjoint (JCC) d’Istanbul prolongent significativement l’inspection des navires se dirigeant vers les ports ukrainiens pour recevoir des céréales ou qui ont déjà été chargés et qui sont en route pour leur destination finale », a déploré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

« En conséquence, plus de 165 navires sont bloqués dans une file d’attente près du détroit du Bosphore et ce nombre continue d’augmenter chaque jour », a-t-il ajouté, dénonçant des retards « politiquement motivés ».

Le Centre de coordination a confirmé lundi soir la congestion, précisant que « plus de 170 navires », vides ou chargés, attendent au large d’Istanbul d’être inspectés pour poursuivre leur route, alors qu’avec « la nouvelle récolte, les silos ukrainiens risquent d’être à nouveau pleins ».

Le JCC, qui avait déjà alerté sur les embouteillages aux portes du Bosphore au début du mois, qu’il attribuait en partie aux armateurs, « s’inquiète de ces retards qui risquent de perturber la chaine d’approvisionnement et les opérations portuaires », indique-t-il dans un communiqué.

Le Centre de coordination réunit des représentants des parties signataires de l’accord — Russie, Ukraine, Turquie et Nations unies — et dispose désormais de cinq équipes d’inspection, ajoute-t-il.

Chaque équipe est composée de huit personnes, deux pour chaque partie.

« Au cours des derniers jours, le Centre a commencé à enregistrer de nouveaux cargos qui rejoignent l’Initiative » sur les céréales ukrainiennes poursuit-il, en « regrettant les inconvénients causés [par la situation] à l’industrie du transport et du commerce maritimes » .  

Selon le ministère ukrainien, les retards concernent trois millions de tonnes de céréales destinées à approvisionner 10 millions de personnes.

Il a accusé Moscou de « saper la sécurité alimentaire mondiale » et appelé la communauté internationale à faire pression sur Moscou.

Selon le dernier décompte du JCC lundi soir, plus de 8,5 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles ont pu quitter les ports ukrainiens depuis le 1er août et l’entrée en vigueur de l’accord.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait déjà accusé vendredi la Russie de retarder « délibérément » le passage des navires. Selon lui, la Chine, l’Égypte, le Bangladesh, l’Indonésie, l’Irak, le Liban ou les pays du Maghreb sont parmi les États affectés par ces retards.

La Russie et l’Ukraine s’étaient mises d’accord en juillet pour reprendre les exportations de céréales ukrainiennes, stoppées depuis le début de la guerre fin février, après un accord parrainé par l’ONU et la Turquie.

La Russie a par la suite critiqué cet accord, affirmant que ses propres exportations étaient entravées par les sanctions.