(Berlin) La cheffe de la diplomatie allemande a mis en garde samedi contre la guerre hybride livrée par la Russie qui pourrait chercher à diviser l’Europe en favorisant aussi un afflux de réfugiés sur son territoire.

« Il ne s’agit pas seulement d’une guerre menée avec des armes, elle est menée aussi [sur le front de] l’énergie et pour cela nous avons trouvé une réponse », a déclaré Annalena Baerbock au congrès de son parti écologiste qui se déroule à Bonn, dans l’ouest de l’Allemagne.  

PHOTO BENJAMIN WESTHOFF, REUTERS

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock

Mais elle s’attend à ce que la guerre soit aussi de plus en plus « menée avec la peur et la division et c’est justement ce que nous devons éviter ».

La ministre redoute en particulier un afflux de réfugiés en provenance de pays autres que l’Ukraine, « car cette guerre est hybride et d’autres pays y participent », accusant la Serbie de contribuer à une forte hausse des arrivées de migrants en Europe.

Les États membres de l’UE dans leur ensemble reprochent à ce pays des Balkans d’être une porte d’entrée vers l’Union pour des migrants turcs, indiens, tunisiens, cubains et burundais, qui n’ont pas besoin de visa pour se s’y rendre.

Refusant une situation « où des gens sont utilisés comme une arme », l’Allemagne est en contact notamment avec la République tchèque et la Slovaquie pour trouver des solutions contre cette réactivation de facto de la « route des Balkans ».

La Serbie, candidate à une adhésion à l’UE depuis 2012, mais également proche de la Russie, se trouve sur cet itinéraire qui va de la Grèce à la Hongrie ou à la Croatie en passant par la Macédoine du Nord ou l’Albanie.  

Des centaines de milliers de Syriens fuyant la guerre, d’Afghans ou d’Irakiens l’avaient empruntée pendant la grande crise migratoire de 2015.  

Depuis 2016 et la fermeture des frontières, le nombre des passages avait considérablement baissé, mais ils sont à nouveau en forte hausse cette année.

L’Allemagne avait accueilli à elle seule près d’un million de réfugiés en 2015, un afflux massif qui a aussi contribué à l’essor du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, ce pays a déjà recensé l’entrée sur son territoire de plus d’un million de réfugiés, dans une écrasante majorité des femmes et des enfants de nationalité ukrainienne.