(Londres) La justice britannique a commencé lundi à examiner les recours d’associations contre le projet de Londres hautement controversé d’expulser des demandeurs d’asile vers le Rwanda, sur fond de traversées illégales record de la Manche.  

Espérant lutter contre ces traversées à bord de petites embarcations en constante augmentation et réaliser l’une des promesses du Brexit en luttant contre l’immigration clandestine, le gouvernement conservateur a conclu en avril un accord avec le Rwanda.

Bien qu’aucune de ces expulsions n’ait encore eu lieu – un premier vol prévu en juin a été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) –, les candidats à la succession de Boris Johnson, Rishi Sunak et Liz Truss, ont promis de poursuivre cette politique.

Plusieurs associations ont déposé un recours, dont l’examen devant la Haute-Cour de Londres est prévu sur cinq jours.

L’avocat de plusieurs requérants, Raza Husain, a ainsi accusé le Rwanda d’être un « État autoritaire », accusant le « régime » de Kigali de torturer et tuer « ceux qu’il considère comme ses opposants ».

Avant le début de l’audience, le secrétaire général du syndicat PCS Mark Serwotka a jugé l’expulsion de migrants vers le Rwanda « non seulement immorale mais illégale », exhortant le ministère de l’Intérieur à « abandonner son approche hostile envers les réfugiés ».

La fondatrice de l’association Care4Calais Clare Moseley a quant à elle évoqué les tentatives de suicide et grèves de la faim des migrants informés qu’ils seraient expulsés vers le Rwanda.

Les avocats du gouvernement ont défendu l’accord signé avec le Rwanda, estimant qu’il assure aux personnes qui y seraient expulsées de bénéficier d’une procédure de détermination de leur statut de réfugiés « sure et efficace », et qu’en aucun cas elles ne risquent un « refoulement » indirect vers leur pays d’origine ou un autre pays.

« Des dispositions ont été prises pour s’assurer qu’elles bénéficient d’un logement et d’un soutien approprié au Rwanda », ont-ils insisté.

Cette politique visant les demandeurs d’asile arrivés illégalement sur le sol britannique est destinée à décourager les traversées de la Manche à bord de petites embarcations.

Après un mois d’août record, le nombre de ces dangereuses traversées a atteint 1160 sur 25 bateaux pour la journée de dimanche, selon le ministère de la Défense, dépassant les 1000 pour la deuxième fois en deux semaines et portant le total depuis le début de l’année à 27 384.

C’est presque autant que le total sur l’ensemble de l’an dernier (28 526).

Ces traversées se sont multipliées depuis 2018 face au verrouillage croissant du port français de Calais et du tunnel sous la Manche.

Un récent rapport parlementaire britannique estimait que le total pourrait atteindre cette année 60 000 malgré les promesses répétées du gouvernement conservateur, qui, ayant fait du sujet une priorité depuis le Brexit, verse des millions à la France pour l’aider à renforcer la surveillance des côtes et multiplie les mesures pour durcir l’accueil des migrants.