(Paris) Au 15e jour de l’invasion de l’Ukraine, les forces russes resserraient jeudi leur étau autour de Kyiv, la capitale, et rejetaient des accusations de « crime de guerre » au lendemain du bombardement d’une maternité dans la ville assiégée de Marioupol.

Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place et de services d’urgence, ainsi que de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales. Moscou pour sa part communique très peu sur son offensive.

La Russie y a engagé 150 000 militaires, soit 100 % des effectifs déployés préalablement aux frontières de l’Ukraine et attend sans doute des renforts, d’où peut-être « cette forme de “pause opérationnelle” qu’on observe depuis quelque-jours », selon l’état-major français.

Le ministère britannique de la Défense relève dans son bulletin quotidien « une diminution notable de l’activité de l’aviation russe au-dessus de l’Ukraine ces derniers jours, probablement due à l’efficacité inattendue et à la résistance des défenses aériennes ukrainiennes ».

Kyiv et le Nord

Des chars russes sont arrivés jeudi à la lisière nord-est de la capitale, qu’ils menacent d’encercler après être déjà parvenus dans ses faubourgs nord et ouest. Une équipe de l’AFP a vu des colonnes de fumée s’échapper du village de Skybyn, à quelques centaines de mètres du dernier barrage ukrainien avant l’entrée de Kyiv au nord-est.

« L’importante colonne russe au nord-ouest de Kyiv a peu avancé depuis plus d’une semaine et essuie des pertes soutenues », affirme néanmoins le ministère britannique de la Défense.

L’Ukraine garde également le contrôle de Tchernihiv, au nord de Kyiv, dont le centre-ville a été pilonné, provoquant la mort de nombreux civils.

Dans la région de Jytomyr, à l’ouest de la capitale, sept personnes ont été tuées dans la nuit, dont cinq dans le tir d’un missile sur une route, selon la police.

L’Est

À Kharkiv, à 50 km de la frontière russe, encerclée et frappé par d’intenses bombardements, les forces russes « sont à présent juste à l’extérieur » de la deuxième ville d’Ukraine (1,4 million d’habitants), a affirmé le Pentagone mercredi soir.

À Izioum, au sud-est de Kharkiv, environ 2000 personnes ont été évacuées à bord de 44 bus, selon les autorités ukrainiennes.

Le Sud

Les troupes russes assiègent la ville portuaire de Marioupol. Des tentatives d’évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises, les deux camps s’en rejetant mutuellement la responsabilité.

Trois personnes, dont une fillette, ont été tuées dans le bombardement russe d’un hôpital pédiatrique à Marioupol (Est) mercredi, a annoncé jeudi la mairie. L’Ukraine et l’Union europénne (UE) ont condamné un « crime de guerre », la Russie affirmant de son côté que le bâtiment abritait des combattants ultranationalistes ukrainiens.

La prise de cette cité d’importance stratégique permettrait d’établir une continuité territoriale totale entre les forces russes en provenance de la Crimée annexée par Moscou et les troupes séparatistes et russes du Donbass (Est).

Quant à la région de Mykolaïv (sud-ouest), dernier verrou avant le principal port ukrainien, Odessa, sur la mer Noire, pas encore touché pour l’instant, elle est le théâtre de violents combats et bombardements depuis plusieurs jours.

Le Pentagone estime que « les troupes russes sont à environ 15 km au nord de Mykolaïv et ont augmenté leur pilonnage de la ville ».

L’Ouest

L’ouest de l’Ukraine est pour l’instant largement épargné par les combats. Sa plus grande cité, Lviv, est devenue une plaque tournante pour les missions diplomatiques, les journalistes et les Ukrainiens cherchant à se mettre en sécurité ou à fuir dans un pays voisin.

Bilan humain

La Russie a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour, de 498 de ses militaires tués en Ukraine.

Mais l’Ukraine et des observateurs occidentaux assurent que le bilan est bien plus lourd. Kyiv affirme que plus de 12 000 militaires russes, y compris des officiers supérieurs, ont péri.

Le Pentagone a fourni une estimation de 2000 à 4000 morts russes en 14 jours.

Au moins 516 civils, dont une trentaine d’enfants, ont été tués en Ukraine et plus de 900 blessés, d’après le dernier décompte de l’ONU, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.

La municipalité de Marioupol affirme que plus de 1200 habitants ont péri dans cette seule ville et une responsable ukrainienne a fait état jeudi de 71 enfants tués dans le pays.

Réfugiés et déplacés

Plus de 2,3 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de l’invasion, dont plus de la moitié ont été accueillies en Pologne, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Par ailleurs, la moitié de la population de l’agglomération de Kyiv a fui, selon le maire de la capitale, Vitali Klitschko.