La guerre en Ukraine bouleverse les Lituaniens, dont le pays a été annexé illégalement en 1939 par l’Union soviétique, en vertu du pacte Molotov-Ribbentrop conclu entre la Russie et l’Allemagne. L’appétit expansionniste de Moscou en inquiète plus d’un à Vilnius, la capitale. Si plusieurs ont exprimé leur crainte de voir l’histoire se répéter, d’autres gardent la tête froide – et l’espoir que leur adhésion à l’OTAN, en 2004, les prémunira contre une possible offensive du Kremlin.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Chacune son poupon dans une poussette, deux mamans craignent le pire. « Poutine veut rendre à la Russie sa grandeur d’antan, comme à l’époque de l’URSS – et les pays baltes étaient inclus dans le bloc », dit Ieva (à gauche). « Le monde n’écoutait pas tellement quand nous [les États baltes] leur disions que nos voisins étaient fous. On nous répondait : “Vous exagérez, la Russie a changé.” Mais non. Nous avons joué dans ce film », ajoute Edita.

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Dans les rues de Vilnius, partout, des tournesols. De fleur nationale de l’Ukraine, le tournesol est devenu symbole de résistance et d’espoir depuis l’invasion par la Russie. Dans une vidéo de la BBC devenue virale, une femme ukrainienne a pris à partie un soldat russe en y faisant référence. « Prenez ces graines pour que des tournesols poussent quand vous allez mourir », lui a-t-elle lancé.

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Mante Makauskaite (au centre) se sent coupable. « Au départ, je pense que le sentiment principal est la peur, parce qu’on ne sait pas ce qui s’en vient, mais ensuite, on réalise qu’on a un dispositif sécuritaire que l’Ukraine n’a pas. Alors c’est un peu comme la culpabilité du survivant. L’OTAN réagirait pour nous, mais ne le fera pas pour l’Ukraine », explique-t-elle. L’un de ses souvenirs d’enfance : « moi, sur les épaules de mon père, dans un rassemblement du mouvement pour l’indépendance ». Sur la photo, Mante Makauskaite marche vers l’ambassade de Russie.

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« Nous ne voulons pas revenir à cela. C’était totalement fermé », lâche Asta Vabaliene, près de l’amas de pancartes, de chandelles et de fleurs déposées devant l’ambassade de Russie à Vilnius. « Oui, mais cette fois, c’est différent ; c’est moins terrible, intervient son mari, Ginta Vabalas. Quand nous étions jeunes, nous n’avions accès qu’à de l’information russe. Journaux russes, télévision russe, magazines russes. Que de la propagande russe », se souvient-il.

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Diana (à droite), Jore (à gauche) et Kortina, la jeune vingtaine, n’ont pas vécu les décennies passées sous la chape de plomb soviétique avant l’accession à l’indépendance, en 1991. Mais ce passé, elles en ont entendu parler. « Mes parents étaient là ! », s’exclame Jore en parlant de la « révolution chantante » qui a marqué la fin du règne de Moscou en Lituanie et dans les pays baltes. Diana croit que Vladimir Poutine est une « réelle menace » pour son pays. « Nous le savons depuis que nous sommes enfants », souffle-t-elle.

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Depuis plusieurs jours, des évènements sont organisés devant l’ambassade de Russie. Il y a des concerts et des panels d’experts, et le tout est diffusé en continu sur le web. On y offre du thé chaud – la température était légèrement au-dessous de zéro, vendredi. Et à deux ou trois reprises pendant la journée, une sirène de raid aérien retentit dans les haut-parleurs.

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« S’il vous plaît, essuyez-vous les pieds. » C’est l’invitation qui figure sur une pancarte au sol, où l’on voit les photos du président russe Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. L’affiche blanche était maculée à souhait, vendredi.

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Les pancartes dénonçant l’envahisseur russe sont nombreuses devant l’ambassade de Russie, à Vilnius.