(Paris) La France veut davantage encadrer l’achat de matériels permettant les traversées de la Manche vers le Royaume-Uni, en envisageant notamment d’interdire les achats de bateaux en argent liquide, a indiqué mercredi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lors d’une audition au Sénat.

Interrogé par la commission des lois sur la situation migratoire à Calais, trois semaines après le naufrage dans la Manche ayant coûté la vie à 27 migrants, le ministre de l’Intérieur a plaidé pour une lutte plus efficace contre les « filières de matériel », parallèles aux filières migratoires.

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Une quarantaine de 40 migrants quittant la plage de Wimereux, sur la rive française de la Manche, en route vers l’Angleterre à bord d’un radeau pneumatique, le 24 novembre 2021.

« On pourrait imaginer des facturations obligatoires sur ces achats de bateaux. Des paiements qui ne pourraient pas être en liquide mais des paiements par carte bleue ou virements. Ça nous permettrait de remonter les réseaux, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-il déclaré devant les sénateurs, assurant qu’il évoquerait le sujet avec son homologue allemande la semaine prochaine.

« On doit mieux comprendre comment ça fonctionne, notamment sur les filières de matériel », a ajouté Gérald Darmanin, envisageant également « des interdictions de vente dans certains cas ».

Le sujet, a-t-il reconnu, est « d’autant plus difficile qu’il s’agit de petits matériels qui se vendent extrêmement facilement partout en Europe, et donc bien difficiles à contraindre ».  

Venu de Chine, livré par conteneurs en Turquie, ce matériel à destination du littoral français entre dans l’Union douanière européenne par Istanbul, avant d’être transféré en camion à Osnabrück, en Allemagne, près de la frontière néerlandaise et d’être acheminé vers le nord de la France, a détaillé le ministre de l’Intérieur.

Les bateaux, les moteurs, les gilets de sauvetage n’étant pas particulièrement reliés aux trafics de drogue ou aux réseaux criminels, « peu de contrôles douaniers sont faits », a-t-il souligné.

« Et quand bien même ils le seraient, il n’est pas interdit de commercer des bateaux, des moteurs et des gilets de sauvetage en Europe », a poursuivi le ministre.

Les 27 migrants, pour beaucoup Kurdes irakiens, qui ont fait naufrage dans la nuit du 24 novembre, s’étaient entassés à bord d’un « long boat », médiocre bateau pneumatique à fond souple, destiné à une seule traversée.