(Londres) Le Royaume-Uni est devenu mercredi le premier État à approuver l’utilisation massive du vaccin de Pfizer/BioNTech, annonçant des vaccinations dès la semaine prochaine dans le pays, le plus touché par la pandémie en Europe, avec plus de 59 000 morts.

Comment ce vaccin a-t-il été approuvé aussi vite ?

Les contrôles effectués par l’Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA), sont « équivalents à toutes les normes internationales », a déclaré le Dr June Raine, directrice générale de la MHRA, soucieuse de rassurer la population sur la sécurité du vaccin.

Elle a expliqué que « des équipes distinctes ont travaillé en parallèle », « jour et nuit », y compris le week-end, sur les différents aspects, sans attendre d’en finir avec l’un pour commencer l’autre.

Le Dr Penny Ward, du King’s College de Londres a expliqué que les différences de procédure entre la MHRA et l’agence européenne des médicaments (EMA) peuvent expliquer la rapidité britannique.

« Contrairement à l’EMA, la MHRA peut poser des questions au fur et à mesure et obtenir des réponses plus rapidement en tant qu’agence unique », a-t-elle comparé dans un communiqué.

Le ministre de la Santé Matt Hancock a assuré que le Brexit avait permis au Royaume-Uni d’approuver le vaccin en premier, mais la MRHA a nuancé ces propos, assurant suivre les mêmes procédures que les Européens.

Qui sera vacciné ?

Les vaccinations vont débuter dès le début de la semaine prochaine en ciblant les publics prioritaires, répartis en neuf groupes. Les résidents des maisons de retraite figurent en tête, suivis des soignants et des plus de 80 ans, tandis que les plus de 50 ans arrivent en dernier.

La vaccination des femmes enceintes et des enfants n’est pas recommandée, sauf exception.

À partir de la semaine prochaine, 800 000 doses de ce vaccin - efficace à 95 % - seront disponibles, ce qui permettra de vacciner dans un premier temps 400 000 personnes jugées prioritaires. Elles seront directement contactées par les services de santé et recevront chacune deux doses, à 21 jours d’intervalle.

Ce sera la « campagne de vaccination la plus grande jamais menée dans l’histoire de notre pays », a déclaré Simon Stevens, patron du service public de santé en Angleterre.  La vaccination ne sera pas obligatoire.

Quels sont les défis techniques ?

Le vaccin Pfizer/BioNTech doit être stocké à très basse température, entre-70 et-80 degrés. Les centres de vaccination devront être dotés de congélateurs appropriés.  

Les doses seront transportées depuis le site de fabrication de Pfizer situé à Puurs, en Belgique.

Lors d’une conférence de presse, le professeur Munir Pirmohamed, président du groupe d’experts de la Commission sur la médecine humaine, a expliqué que le vaccin est « stable pendant une courte période entre deux à huit degrés, ce qui permet de le transporter vers les sites de vaccination ».

Matt Hancock a indiqué que 50 hôpitaux partout dans le pays sont prêts à recevoir le vaccin. Outre les hôpitaux, la population pourra être vaccinée dans des centres de vaccination, des pharmacies ou des maisons médicales.

Selon le Daily Telegraph, l’armée sera chargée de mettre en place 10 grands centres de vaccination dans les grandes villes, certains dans des centres de conférence ou des stades. Elle pourra également être mise à contribution pour le transport étant donné les défis logistiques.

Combien de temps avant que la population soit vaccinée ?

Le Royaume-Uni a commandé au total 40 millions de doses du vaccin Pfizer/BioNTech pour 2020 et 2021, ce qui permettra de vacciner 20 millions de personnes soit un peu moins du tiers de la population.

« Plusieurs millions » de doses arriveront au cours du mois de décembre, a indiqué le ministre de la Santé, Matt Hancock.  

Le pays, qui compte au total plus de 66 millions d’habitants, a aussi commandé des vaccins à plusieurs autres laboratoires, dont 100 millions de doses du vaccin développé par les chercheurs de l’université d’Oxford et du laboratoire britannique AstraZeneca, et 60 millions de doses du vaccin Novavax.

Plusieurs mois seront nécessaires pour vacciner les catégories de population identifiées comme les plus vulnérables au virus.

« À partir du printemps, de Pâques, les choses iront mieux », a prédit Matt Hancock.