Le Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, a été condamné mercredi en appel à la réclusion criminelle à perpétuité avec 18 ans de sûreté pour quatre attentats commis en France il y a 30 ans.

C'était la peine maximale encourue. Elle est identique à la condamnation prononcée en première instance, en décembre 2011. L'Allemande Christa Fröhlich, absente et jugée pour un seul de ces attentats, est acquittée, comme en 2011.

«Un pourvoi en cassation sera certainement déposé», a indiqué l'un des avocats de Carlos, Me Isabelle Coutant-Peyre en dénonçant une condamnation prononcée «sans l'ombre d'une preuve par une magistrature qui se déconsidère».

Ilich Ramirez Sanchez «vient de faire une nouvelle victime, la justice», a déploré Me Francis Vuillemin, son autre conseil.

Carlos, 63 ans, est incarcéré en France depuis près de 20 ans et son arrestation au Soudan par la police française en août 1994. Il purge déjà une peine de réclusion criminelle à perpétuité prononcée en 1997 pour le meurtre de trois hommes, dont deux policiers, à Paris en 1975.

Il était cette fois jugé pour avoir organisé quatre attentats à l'explosif en France qui ont fait 11 morts et près de 150 blessés, rue Marbeuf à Paris, dans un train Paris-Toulouse, un TGV Marseille-Paris et en gare Saint-Charles de Marseille, en 1982 et 1983.

Selon l'accusation, ces attentats auraient eu pour but d'obtenir la libération de la compagne allemande de Carlos, Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Breguet, arrêtés à Paris en février 1982 avec des armes et des explosifs.

«Révolutionnaire professionnel»

Comme lors du procès de première instance, en décembre 2011, les juges ont écouté mercredi l'accusé passer en revue les débats, entamés le 13 mai, avant de les laisser commencer leurs délibérations, en début d'après-midi.

«C'est à vous de décider si vous approuvez le travail des agents de l'ambassade américaine», a lancé Carlos aux magistrats, reprenant les qualificatifs qu'il affectionne lorsqu'il parle du juge d'instruction Jean-Louis Bruguière ou de l'avocat général Jean-François Ricard.

Anti-américanisme, anti-impérialisme, anti-sionisme: son soliloque a fait défiler tous ses thèmes de prédilection pour discréditer un procès «irrégulier», «à charge», dont les preuves ont été «falsifiées» par des «manipulateurs au service de puissances étrangères».

Carlos, jean et blouson de cuir, appuyé d'un bras à la vitre du box, ses notes dans l'autre main, ne s'interdit pas quelques hommages au passage: à tel magistrat qui n'est «pas un lèche-botte», à tel autre qui est «un grand expert» et à ses «camarades révolutionnaires», notamment son ancien bras droit, l'Allemand Johannes Weinrich, incarcéré outre-Rhin.

«Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes des combattants!» a-t-il martelé devant la Cour, répétant que son organisation aurait tué «1500 personnes» dont des «dizaines de terroristes» occis «de (ses) mains».

«Révolutionnaire professionnel» autoproclamé au service du FPLP palestinien, du bloc de l'Est et de lui-même, Ilich Ramirez Sanchez incarne le terrorisme des années 1970 et 1980.

Une instruction, toujours en cours à Paris, pourrait le ramener devant les assises comme organisateur présumé d'un attentat commis dans la capitale française, il y a plus longtemps encore, contre une galerie marchande en septembre 1974, qui fit deux morts et 34 blessés.