La production a repris, vendredi, dans l'usine de métaux hongroise à l'origine d'un immense déversement de boue toxique, alors que des résidants commençaient à retourner chez eux malgré les avertissements des écologistes.

Quelque 800 résidants de Kolontar avaient été évacués samedi après que les autorités eurent prévenu qu'un mur du réservoir de l'usine pourrait s'écrouler davantage et déverser une seconde vague de boue rouge, après la fuite désastreuse du 4 octobre qui a créé un torrent mortel.

Neuf personnes ont été tuées par la coulée de boue, et une cinquantaine d'autres sont toujours hospitalisées, dont certaines dans un état grave.

Vendredi, une trentaine de personnes hébergées dans un centre sportif dans la ville voisine d'Ajka ont été conduites à Kolontar en autocar.

D'autres personnes hébergés chez de la famille ou des amis de la région retournent à Kolontar dans leurs propres véhicules, a précisé la porte-parole de l'agence gouvernementale des sinistres, Gyorgyi Tottos.

L'usine de métaux Ajkai Timfoldgyar, à l'origine du désastre, a repris ses activités en fin de journée vendredi. Il faudra un maximum de quatre jours pour que l'usine retrouve sa productivité normale, a précisé Timea Petroczi, porte-parole de Gyorgy Bakondi, l'ancien chef de l'agence nationale des sinistres qui a été nommé par le gouvernement pour diriger temporairement l'entreprise propriétaire de l'usine.

M. Bakondi et un comité de 18 membres ont désormais une voix déterminante sur tous les aspects de l'entreprise et discutaient avec ses gestionnaires de la meilleure manière de reprendre les activités à l'usine, qui emploie 1100 personnes.

Un mur de protection fait de dolomite et de terre de 620 mètres de long et de 2,7 mètres de haut a été érigé à Kolontar pour protéger la zone de nouvelles coulées de boue, un résidu hautement corrosif généré par la production d'alumine, qui sert à fabriquer de l'aluminium.

«Nous venons tout juste de revenir dans nos maisons et nous allons y rester», a affirmé Peter Veingartner, un mécanicien de 31 ans. «Il semble que la plupart des gens soient de retour à Kolontar... même ceux qui ont perdu leur maison disent qu'ils veulent reconstruire ici.»

Des camions transportant des débris étaient présents dans toute la ville. M. Veingartner a précisé que la maison de sa tante, Erzsebet, faisait partie des maisons devant être démolies, soit parce qu'elles sont considérées comme inhabitables, soit parce qu'elles se trouvent sur la trajectoire du mur de protection.

La maison de M. Veingartner, située sur un terrain surélevé, n'a pas été touchée par le déversement de boue.

«Les rues sont constamment arrosées et ils démolient au bulldozer les maisons de la zone qui ne peuvent être sauvées, alors il y a beaucoup de poussière», a -t-il ajouté.

Les autorités ont refusé de laisser les journalistes entrer dans la ville vendredi.

L'organisation environnementale Greenpeace a estimé qu'il était trop tôt pour laisser les résidants de Kolontar rentrer chez eux et pour reprendre les opérations dans l'usine, affirmant qu'il n'y avait pas assez d'informations sur la sécurité de la zone.

«Les causes exactes de la catastrophe de la semaine dernière n'ont pas été éclaircies», a souligné la branche hongroise de Greenpeace.

L'organisation a mis en garde contre la concentration élevée de poussières en suspension causées par les démolitions et les restes de la boue qui commencent à s'assécher.

«Aucune information rassurante n'a été transmise concernant la sécurité d'un séjour prolongé à Kolontar, a dit Greenpeace. Personne n'a encore publié de données précises concernant les effets à court et à long terme de la concentration élevée de poussières fines dans l'atmosphère.»

M. Tottos, a affirmé que le port d'un masque de protection était obligatoire dans la zone, mais la règle n'est pas appliquée de façon stricte.