Trente-six heures après la tuerie de Winnenden, le portrait de Tim Kretschmer reste une énigme. Champion de ping-pong, grand frère affectueux, parents aisés, un peu enveloppé, peu enclin à fréquenter les fêtes de jeunes: rien pour le distinguer des autres adolescents de 17 ans de cette riche petite ville des environs de Stuttgart.

La police allemande a fait valoir à charge qu'il avait été traité à l'hôpital psychiatrique voisin de son école à quatre reprises l'an dernier, et qu'il avait eu son diplôme avec des notes «très moyennes». De plus, il avait une collection d'armes (inutilisables) dans sa chambre, aimait les films d'horreur et était féru de jeux informatiques violents comme Ego Shooter ou Counterstrike.

 

«C'est typique de ce genre de forcené», a conclu le responsable de l'enquête dans une conférence de presse. La police va passer au peigne fin le contenu de son ordinateur, installé dans le sous-sol de la maison parentale où il passait ses soirées, et analyser le type de musique qu'il préférait.

Les médias allemands ont interviewé des connaissances de Winnenden, qui compte 27 000 habitants. La famille Kretschmer habite un grand pavillon de banlieue dans le village voisin de Weiler-sur-Stein, et le père est un «chef d'entreprise fortuné» faisant aussi office d'entraîneur sportif bénévole dans ses loisirs. Un «ami» du tueur l'a décrit comme étant «frustré» et un autre l'a qualifié de «timide» sur le site du Spiegel, et un troisième de «frimeur» sur celui du Süddeutsche-Zeitung.

Le quotidien Die Zeit rapporte d'ailleurs que son entraîneur de ping-pong le considérait comme le meilleur de son sport à Winnenden. «Il se levait tous les matins tôt pour venir s'entraîner», explique-t-elle. Il avait remporté des tournois régionaux en 2001 et 2004.

Ces succès sportifs ne l'ont toutefois pas aidé à s'adapter aux changements de l'adolescence. Die Zeit cite un ami qui déplorait qu'il soit trop timide pour se rendre aux fêtes. Mais il serait surprenant que les affres de la fin de l'adolescence soient seules responsables de cette furie, conclut le quotidien.

Visait-il des filles?

Tim Kretschmer avait par le passé eu une petite amie, mais la relation était terminée. Cela a-t-il un lien avec le massacre? demandent des spécialistes. Après tout, huit des neuf élèves qu'il a tués étaient des filles, et les professeurs qu'il a abattus étaient toutes des femmes. En l'absence de toute autre explication, notamment de lettre ou de vidéo où il aurait expliqué son geste, la misogynie, ou une déception amoureuse exacerbée par sa dépression, sont les meilleures pistes pour comprendre la tuerie, a estimé un criminologue dans le quotidien britannique The Independent.

 

S'est-il trahi sur l'internet?

Coup de théâtre hier matin: la police allemande a dévoilé que Tim Kretschmer avait dévoilé ses intentions dans un forum de discussion en plein milieu de la nuit. «J'ai des armes ici, demain matin j'irai à mon ancienne école et ça va barder», aurait-il écrit. L'un de ses interlocuteurs virtuels aurait cru à une blague, répondant «LOL» («laughing out loud», ou «je ris à gorge déployée») avant d'aller se coucher. En soirée, cependant, les autorités ont mis un bémol sur ces révélations, indiquant que des techniciens internet avaient soulevé la possibilité qu'il s'agisse d'un canular rédigé après la tuerie par de mauvais plaisants.