(Washington) Le juge au procès de Donald Trump dans l’État de Géorgie pour tentatives illégales d’inverser les résultats de l’élection présidentielle américaine de 2020 a rejeté vendredi la demande de dessaisissement de la procureure du comté de Fulton Fani Willis, mais posé des conditions à son maintien.

Le juge Scott McAfee a conclu qu’il n’existait pas suffisamment de preuves d’un « conflit d’intérêts » lié à la relation intime de la procureure Fani Willis avec un enquêteur qu’elle a engagé dans cette affaire, Nathan Wade. Les accusés affirmaient notamment qu’elle en aurait profité financièrement.

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Le juge Scott McAfee

Cette décision lève un obstacle majeur à la tenue du procès de l’ex-président et de ses 14 coprévenus, pour lequel aucune date n’a encore été fixée. Visé par quatre procédures pénales distinctes, le candidat républicain à l’élection de novembre face au président démocrate Joe Biden cherche par ses multiples recours à passer en jugement le plus tard possible, en tout cas après le scrutin.

Mais, concluant à « une apparence de comportement inconvenant » et dénonçant un « énorme manque de jugement » de la part de la procureure, le juge a exigé le retrait du dossier, soit de Fani Willis et de l’ensemble de son équipe, soit de Nathan Wade.

Ce dernier a présenté sa « démission, à effet immédiat », dans une lettre quelques heures plus tard, disant agir « dans l’intérêt de la démocratie, par loyauté envers le peuple américain, et pour faire avancer le dossier aussi rapidement que possible ».

La procureure a répondu dans une lettre « accepter cette démission, avec effet immédiat », le remerciant d’avoir « eu le courage d’accepter cette mission » malgré les risques pour lui-même et sa famille.

Donald Trump s’est réjoui sur son réseau Truth Social que « Nathan Wade ait démissionné ignominieusement », souhaitant le même sort au procureur spécial dans ses deux procédures pénales au niveau fédéral.

« Nous utiliserons toutes les options juridiques disponibles en continuant à nous battre pour mettre fin à cette procédure », avait auparavant réagi son avocat en Géorgie, Steve Sadow.

Reports en cascade

Un dessaisissement de Fani Willis aurait considérablement reporté ce procès. En novembre, la procureure avait proposé qu’il s’ouvre le 5 août et réclamé que les 15 prévenus restants soient jugés ensemble.

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La procureure du comté de Fulton Fani Willis a témoigné lors d’une audition, le 15 février.

Le juge ne s’était pas prononcé sur un éventuel calendrier, mais avait indiqué pencher pour deux procès distincts s’il restait toujours autant de prévenus.

Quatre des 19 personnes initialement visées par l’acte d’accusation délivré le 14 août, en vertu notamment d’une loi de Géorgie sur la criminalité en bande organisée, ont déjà plaidé coupable. Elles ont été condamnées à des peines réduites, sans prison ferme, en échange de leur témoignage au futur procès des autres accusés.

Parmi les coprévenus de M. Trump figurent son ancien avocat personnel, Rudy Giuliani, et son dernier chef de cabinet à la Maison-Blanche, Mark Meadows.

Par ailleurs, à New York, le juge en charge du procès pénal de Donald Trump prévu à partir du 25 mars dans une affaire de paiements dissimulés à une actrice de films X lors de la campagne électorale de 2016 en a annoncé le report, à priori jusqu’à la mi-avril.

Le candidat républicain a déjà réussi à différer son procès fédéral à Washington, initialement prévu à partir du 4 mars, pour tentative d’inverser illégalement les résultats de l’élection de 2020, en invoquant une immunité pénale en tant qu’ex-président.

Le candidat républicain a déjà réussi à différer son procès fédéral à Washington, initialement prévu à partir du 4 mars, pour tentative d’inverser illégalement les résultats de l’élection de 2020, en invoquant une immunité pénale en tant qu’ex-président.

La Cour suprême a accepté de se saisir de la question et fixé les débats au 25 avril, avant une décision attendue en juin, voire juillet, la procédure étant suspendue d’ici là.

Par ailleurs, le procès de Donald Trump pour sa gestion présumée désinvolte de documents classifiés, prévu à partir du 20 mai, devrait également être reporté de plusieurs mois.

Il est poursuivi dans cette affaire pour avoir compromis la sécurité nationale en conservant dans sa résidence privée de Floride des documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021.