Le département de la Justice américain a décidé de poursuivre l’Alabama pour forcer ses dirigeants à améliorer les conditions de vie dans les prisons vieillissantes de l’État. Homicides, suicides, surdoses et violences sexuelles rythment le quotidien des détenus, souvent laissés à eux-mêmes dans un environnement dangereux où les chances de réhabilitation sont plus que minces.

« La plupart des gens ont un couteau »

PHOTO WILLIAM WIDMER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

En Alabama, la surpopulation des prisons et le manque d’agents correctionnels font en sorte que les détenus sont souvent laissés à eux-mêmes.

L’enfer n’a pas eu raison du sourire de Ronald McKeithen, qui a survécu 37 ans dans les prisons de l’Alabama sans perdre espoir dans l’avenir.

« C’est fou tout ce que j’ai pu voir, mais je m’en suis sorti », souligne en entrevue l’homme de 62 ans avant d’évoquer quelques-uns des épisodes les plus sombres de sa longue détention.

PHOTO FOURNIE PAR RONALD MCKEITHEN

Ronald McKeithen

Un jour, alors que j’étais assis à la cafétéria, un détenu s’est approché par-derrière la personne assise devant moi et lui a tranché la gorge avec un couteau. Le sang a giclé partout sur mon plateau.

Ronald McKeithen, ex-détenu

La surpopulation des prisons et le manque d’agents correctionnels font en sorte que les détenus sont souvent laissés à eux-mêmes.

La configuration des établissements, qui comptent des dortoirs regroupant parfois plus d’une centaine de personnes, favorise aussi les dérapages.

PHOTO FOURNIE PAR LE DÉPARTEMENT DES SERVICES CORRECTIONNELS DE L’ALABAMA

Des armes saisies au centre de détention de St. Clair, à Springville, en Alabama

« Tu dois être prêt à te défendre. C’est pour ça que la plupart des gens ont des couteaux », note l’ancien détenu, qui a déjà vu des prisonniers dotés de véritables sabres.

« Dans un tel environnement, tu as l’impression que tu ne t’en sortiras jamais et ça devient extrêmement frustrant. Certains se tournent vers la drogue, qui est omniprésente, ou décident de passer leur rage sur les autres », note M. McKeithen.

« D’autres décident de se ‟marier” avec un détenu pour passer le temps », ajoute-t-il en évoquant les relations sexuelles forcées ayant souvent cours dans les établissements.

PHOTO WILLIAM WIDMER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Un gardien au centre de détention de St. Clair, à Springville, en Alabama, en février 2017

Plutôt que de se laisser emporter par la dépression, le sexagénaire a décidé très tôt de se consacrer aux études, ce qui l’a aidé à obtenir une place dans un dortoir regroupant des détenus moins dangereux. Il a travaillé notamment comme tuteur et comme coiffeur, des activités lui ayant permis de tisser de nombreux liens.

« Il n’y a pas une semaine qui passe sans que je voie passer sur Facebook un message indiquant qu’une personne que je connaissais en prison a été tuée, s’est suicidée ou a fait une surdose », note M. McKeithen, qui est devenu une sorte « d’ambassadeur » pour les détenus de l’État après avoir été libéré il y a deux ans.

Il a reçu l’aide d’une organisation locale, Alabama Appleseed, qui milite notamment pour faire réviser les lois imposant de lourdes peines pour les criminels récidivistes et faciliter l’octroi de libérations conditionnelles aux détenus non violents.

M. McKeithen lui-même a reçu initialement une peine d’emprisonnement à vie à l’issue d’un vol sans violence parce qu’il s’agissait de sa troisième condamnation pour des crimes relativement mineurs.

La prison à vie après trois prises

La directrice d’Alabama Appleseed, Carla Crowder, note que ce type de loi, dite des « trois prises », s’est multiplié dans les années 1970 et 1980 alors que le gouvernement fédéral lançait la « guerre aux drogues » et mettait de l’avant une approche énergique en matière de lutte contre la criminalité qui a fait monter en flèche la population carcérale partout au pays.

Le résultat dans l’État du Sud, l’un des plus pauvres du pays, a été particulièrement dramatique sur le plan carcéral. Les élus locaux ont durci les pratiques en matière de fixation de la peine, mais n’ont jamais voulu hausser les dépenses pour prendre en charge correctement l’afflux de prisonniers en résultant.

PHOTO FOURNIE PAR CARLA CROWDER

Carla Crowder, directrice d’Alabama Appleseed

Pendant des décennies, le niveau de dépenses par personne pour les prisons de l’Alabama était l’un des plus faibles au pays […] Ce que l’on voit aujourd’hui est le résultat d’années de surincarcération, de surpopulation, de négligence, d’abus et de manque de personnel.

Carla Crowder, directrice d’Alabama Appleseed

Le département de la Justice américain a décidé, en 2020, de recourir aux tribunaux après avoir tenté en vain d’amener les autorités locales à améliorer le système.

La requête indique que l’État de l’Alabama est « volontairement indifférent » aux problèmes constitutionnels « sérieux et systémiques » existant dans les prisons.

Elle précise que les personnes détenues dans ces établissements « courent un risque important d’être tuées, violentées ou agressées sexuellement par d’autres détenus » et d’être traitées abusivement par les agents correctionnels.

Des enquêtes fédérales marquantes

La poursuite a été précédée par deux longs rapports d’enquête qui détaillaient, avec nombre d’exemples, la gravité de la situation.

On y apprend notamment que le taux d’homicides dans les prisons de l’Alabama était alors huit fois plus important qu’ailleurs au pays, un chiffre sous-évalué en raison des efforts faits pour dissimuler certains cas.

PHOTO BRYNN ANDERSON, ARCHIVES THE ASSOCIATED PRESS

Dans certains dortoirs, ce sont des prisonniers qui imposent leur loi.

Le manque de supervision dans certains dortoirs était tel, selon les enquêteurs, que les cas d’extorsion n’étaient pas rares, des familles se voyant sommées de payer des sommes importantes pour sauver la vie de détenus « enlevés » en plein établissement.

Nombre de prisonniers se voyaient par ailleurs contraints de dormir sur le plancher hors du dortoir qui leur était assigné parce que d’autres prisonniers leur refusaient l’accès ou représentaient un risque trop important.

« Il y a de l’itinérance dans les prisons en Alabama », confirme Ronald McKeithen, qui a souvent vu des détenus couchés dans la cour intérieure, faute d’autre option.

Les établissements eux-mêmes sont largement désuets, relevait le ministère de la Justice américain. Les autorités carcérales ont d’ailleurs fermé, peu de temps après le passage des enquêteurs, un établissement où les débordements d’eaux usées étaient fréquents et les cuisines, infestées de rats et d’asticots.

Dans un second rapport paru en 2020, les enquêteurs fédéraux ont indiqué que les agents correctionnels utilisaient souvent une force excessive envers les détenus et que des rapports d’évènements violents avaient été altérés pour cacher la vérité.

La famille d’un détenu qui avait subi une hémorragie cérébrale, de multiples fractures à la tête et perdu plusieurs dents s’est fait dire par les agents correctionnels qu’il s’était blessé en tombant de son lit.

Les rapports avaient suscité des promesses d’action des autorités locales, mais les résultats se font attendre, au grand dam du gouvernement fédéral, qui a décidé d’aller de l’avant avec la poursuite. Le procès doit avoir lieu l’année prochaine.

Il pourrait aboutir à une mise sous tutelle du système carcéral, relève Mme Crowder, qui s’indigne du fait que la situation semble s’être encore détériorée au cours des dernières années.

Les dirigeants du département des Services correctionnels de l’Alabama (ADOC), qui n’ont pas donné suite aux demandes d’entrevue de La Presse, assurent qu’ils sont déterminés à améliorer les choses.

Mais ils semblent surtout miser pour ce faire sur la construction de nouveaux établissements – dont une mégaprison dotée d’un budget de 1 milliard de dollars –, dit Mme Crowder, qui presse les autorités de s’attaquer aux causes de la surpopulation carcérale plutôt que d’engloutir des sommes énormes dans le béton.

« Ce ne sont pas les prisons qui tuent les détenus en Alabama », dit-elle.

Un projet de loi piloté par un élu démocrate qui doit permettre à des détenus condamnés à vie pour des crimes non violents d’obtenir une révision de leur dossier marquerait, dit-elle, un modeste pas dans la bonne direction.

Michael Schumacher, qui a écopé d’une peine d’emprisonnement à vie à la suite d’un vol sans violence, a obtenu sa remise en liberté il y a quelques années.

Les avocats de l’organisation Appleseed ont fait valoir que certains assouplissements apportés aux règles existantes pour fixer les peines faisaient en sorte qu’il ne pourrait être condamné aujourd’hui à une détention aussi longue.

Un juge a acquiescé et l’a libéré, après plus de 30 années de détention ponctuées par de multiples évènements violents qui l’ont heureusement, dit-il, épargné.

« J’ai vu des gens se faire poignarder à mort, d’autres être battus à mort. Beaucoup de cadavres », souligne-t-il.

Peu après son arrivée en prison, un homme lui a fait des avances sexuelles et est devenu menaçant après qu’il eut refusé, le poussant à se doter d’un couteau de fortune pour se défendre.

L’arme a cependant été trouvée par des agents correctionnels et il a été envoyé en isolement pendant 18 mois.

PHOTO FOURNIE PAR MICHAEL SCHUMACHER

Michael Schumacher, à sa sortie de prison

J’étais bien au trou parce que j’étais seul et que je n’avais pas à me demander ce que les autres allaient faire.

Michael Schumacher, ex-détenu

M. Schumacher dit avoir vu nombre de détenus sombrer dans la drogue ou la dépression au fil des ans.

Le manque de services de soutien, notamment en matière de santé mentale et de désintoxication, est consternant, selon l’ancien détenu.

Lui aussi a dû apprendre à se défendre puisque le personnel de sécurité était souvent réticent à intervenir, faute d’être en nombre suffisant.

« Il en manque tellement qu’il n’est pas possible pour eux de voir tout ce qui se passe. C’est dangereux pour eux et c’est dangereux pour les prisonniers », note M. Schumacher, qui a été détenu notamment dans un établissement où un gardien a été poignardé à mort.

Le sexagénaire reste en contact avec plusieurs amis en détention, qui se plaignent d’une détérioration de la situation.

« C’est encore plus fou qu’avant. Je ne sais pas ce que le gouvernement fédéral attend pour prendre le contrôle des prisons en Alabama », dit-il.

Enquête fédérale : des révélations choquantes

PHOTO JULIE BENNETT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des proches de prisonniers disparus et des militants sont réunis dans une église de Montgomery, capitale de l’Alabama, pour rendre hommage aux presque 300 personnes ayant perdu la vie dans une prison de l’État en 2022, le 7 mars dernier.

2016

Un membre de gang apparemment considéré comme un délateur a été assassiné quelques heures après être sorti d’isolement. Son corps inerte, le visage aplati, a été trouvé dans son lit longtemps après les faits. Les enquêteurs fédéraux ont indiqué que le personnel des prisons de l’Alabama semblait incapable de protéger les détenus qui se disaient à risque.

2017

Les autorités carcérales locales ont indiqué qu’un prisonnier était officiellement mort de « causes naturelles » alors que l’autopsie a démontré qu’il avait été violemment frappé à la tête lors d’une altercation. Des dizaines d’autres morts suspectes n’ont tout simplement pas été signalées.

2018

Un détenu qui venait d’être agressé s’est présenté à la porte du dortoir où il vivait avec de multiples blessures. Un agent correctionnel s’est alors rendu compte que ses agresseurs l’avaient longuement battu et lui avaient inséré un manche à balai dans l’anus sans attirer l’attention du personnel.

14 780 $

Dépenses par détenu en Alabama en 2015, soit le plus bas niveau observé parmi les 45 États ayant répondu à un sondage 

33 227 $

Dépenses moyennes par détenu en tenant compte de tous les États considérés

Source : Vera Institute of Justice 

270

Nombre de personnes mortes en détention dans les prisons de l’Alabama en 2022, dont 95 en raison d’un homicide, d’un suicide ou d’une surdose, un record

Source : Alabama Appleseed

Un passé teinté par l’esclavagisme

PHOTO JON LEVY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des prisonniers du centre de détention de Limestone, à Harvest, en Alabama, condamnés aux travaux forcés, en août 1995

Les conditions de vie catastrophiques des détenus des prisons de l’Alabama font écho aux pratiques abusives qui prévalaient dans l’État avant et après la guerre de Sécession.

À l’issue de tractations politiques au Congrès, l’amendement à la Constitution introduit à la fin du conflit pour interdire formellement l’esclavage aux États-Unis intègre une exception ciblant les personnes condamnées pour un acte criminel.

Daniel Rosen, qui milite au sein de Worth Rises, une organisation visant à faire abolir l’exception en question, note que plusieurs États du Sud ont alors adopté une série de lois abusives, les Black Codes, ayant permis d’incarcérer nombre d’Afro-Américains récemment affranchis pour des infractions mineures.

Le but était ni plus ni moins que de replonger cette population dans l’esclavage, dit-il.

PHOTO ANNIE FLANAGAN, THE NEW YORK TIMES

Plus de la moitié des prisonniers en Alabama sont issus de la communauté afro-américaine.

La population carcérale, qui était presque entièrement blanche avant la guerre, devient presque entièrement noire du jour au lendemain.

Daniel Rosen, militante de Worth Rises

Plusieurs États du Sud, en mal de revenus pour se reconstruire, décident de mettre à profit cette main-d’œuvre captive en « louant » les détenus, contre argent sonnant, à des firmes privées.

La pratique prend une importance capitale en Alabama, où la quasi-totalité des détenus, pour la plupart afro-américains, sont forcés de travailler dans des mines, dans des conditions dangereuses.

Ceux qui cherchent à se révolter ou à s’enfuir sont fouettés sans merci et les morts sont fréquentes, rapporte un compte rendu historique émanant de l’Université d’Auburn.

En 1898, plus de 70 % des revenus de l’État de l’Alabama proviennent de la location de détenus à des firmes privées.

La pratique perdurera jusqu’au milieu des années 1920 après que la mort d’un détenu blanc plongé volontairement dans l’eau bouillante par ses patrons provoque un scandale.

L’exploitation des détenus ne disparaît pas à ce moment-là, puisque la plupart se voient maintenant contraints de travailler, sans rémunération, pour l’État, une pratique qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

Selon M. Rosen, près de 90 % des détenus forcés de travailler aux États-Unis, généralement pour une rémunération dérisoire ou inexistante, contribuent aux opérations des établissements de détention eux-mêmes.

Question sensible

L’abrogation de l’exception prévue pour les criminels dans le 13amendement, si jamais elle se concrétise au fédéral, pourrait forcer les États à payer des salaires décents aux détenus et risque d’entraîner des coûts importants pour les autorités carcérales.

La question risque de s’avérer sensible en Alabama, où la classe politique s’est toujours montrée réticente à débourser plus pour assurer une meilleure vie aux détenus, note M. Rosen.

Ils sont prêts à mettre 1 milliard de dollars pour construire une mégaprison, mais ne voudront jamais utiliser une telle somme pour améliorer les conditions de détention.

Daniel Rosen, militant de Worth Rises

Lors d’un référendum tenu au moment des élections de mi-mandat de novembre, la population de l’État a approuvé le retrait de l’exception pour les criminels, mais cette décision n’aura pas d’incidence tant que les tribunaux n’auront pas précisé sa portée, relève le militant.

Carla Crowder, de l’organisation Alabama Appleseed, note que le racisme demeure un problème important dans le système judiciaire et carcéral de l’Alabama qui contribue au fait que les Afro-Américains sont largement surreprésentés dans les prisons de l’État.

Deux prisonniers sur trois

Les deux tiers des personnes détenues dans des prisons fédérales ou étatiques aux États-Unis doivent travailler. 

11 milliards de dollars américains

Valeur annuelle estimée des biens et services produits par ces détenus 

Source : ACLU 

54 %

Proportion de la population carcérale de l’Alabama qui est afro-américaine 

28 %

Proportion de la population de l’Alabama qui est afro-américaine

Source : Vera Institute of Justice

Des airs de déjà-vu

PHOTO ANNIE FLANAGAN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Des détenus dans la cour extérieure du centre de détention de St. Clair, à Springville, en Alabama, en novembre 2019

Des échos de 1976

La décision du département de la Justice américaine de s’adresser aux tribunaux pour forcer l’Alabama à offrir des conditions de vie appropriées aux détenus ne représente pas le premier épisode du genre pour l’État. Un juge fédéral, Frank Johnson, a rendu en 1976 une décision qui relevait déjà plusieurs constats faits au cours des dernières années par les enquêteurs fédéraux. Ces échos témoignent de la persistance des problèmes au sein du système carcéral.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE L’ALABAMA

Le juge fédéral Frank Johnson

Des prisons « horriblement surpeuplées »

Le magistrat, en réponse à des poursuites présentées par quelques détenus, a relevé que les quatre prisons les plus importantes étaient « horriblement surpeuplées » et insalubres au point de poser un risque pour la santé des occupants. Il a indiqué que « la violence omniprésente » et « l’ambiance de jungle » amenaient la plupart des détenus à s’armer et que les agents correctionnels, faute d’être assez nombreux, entraient rarement dans les dortoirs par crainte pour leur sécurité.

La colère du gouverneur George Wallace

PHOTO FOURNIE PAR LA BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS DES ÉTATS-UNIS

George Wallace

Les constats du juge Frank Johnson, qui a imposé à l’époque un tuteur pour forcer des changements au système, ont été fort mal reçus par le gouverneur de l’époque, George Wallace. Le politicien a nié l’existence de problèmes majeurs et argumenté que l’intervention fédérale visait à transformer les prisons en « lieux de villégiature ».

Après plusieurs années de tiraillements, la Cour suprême a ordonné la libération de plusieurs centaines de détenus. Un plan a été élaboré pour construire de nouvelles prisons et embaucher du personnel, mais l’afflux constant de nouveaux condamnés a eu raison des améliorations apportées.

Se traîner les pieds

Austin Sarat, politologue au Collège Amherst, au Massachusetts, qui étudie de près le système judiciaire et carcéral américain, note que l’intervention du tribunal, si elle se répète comme dans les années 1970, ne garantit en rien que les choses vont s’améliorer dans les prisons de l’Alabama. « Le juge rend sa décision et décrète ce qui doit être fait, l’État commence à aller de l’avant, les intervenants commencent à se traîner les pieds et les choses finissent par ne pas changer », dit-il.

Peu de votes à aller chercher

Le faible poids politique des détenus et de leurs familles explique en partie pourquoi les élus ne sont pas pressés d’agir, note le chercheur. « Il n’y a pas beaucoup de votes à aller chercher en disant que l’on va dépenser pour améliorer les conditions de détention. Les politiciens sont plus susceptibles de promettre de nouvelles prisons », souligne le chercheur. La population elle-même ne pense que rarement aux conditions de détention et est plus susceptible de se demander si elles sont trop clémentes que le contraire lorsqu’elle le fait, dit-il.