(Washington) Personne à la Maison-Blanche ne vous dira ouvertement que Joe Biden va annoncer sa candidature à un second mandat mardi. Mais personne ne vous dira le contraire non plus.

Joe Biden lui-même s’en amuse.

Interrogé vendredi par l’AFP dans les jardins de la Maison-Blanche pour savoir s’il va faire cette annonce, il a simplement répondu : « je ne sais pas. »

Le président américain, qui martèle pourtant avoir « l’intention » de se représenter, continue d’entretenir le suspense autour du timing exact de son annonce.

Plusieurs médias américains, à commencer par le Washington Post, ont cité jeudi plusieurs sources anonymes pour évoquer l’échéance de la semaine prochaine.  

Ces rumeurs, qui agitent le tout Washington, sont évidemment à prendre avec des pincettes : janvier, février, début avril… Le camp Biden a plusieurs fois déjà laissé entendre qu’une annonce était imminente, sans jamais que cela ne se matérialise.

Mais les dernières spéculations semblent avoir quelque chose de différent, car la date de mardi ne doit rien au hasard. Le 25 avril sera le quatrième anniversaire, jour pour jour, de la dernière entrée en campagne de Joe Biden, à la fin de laquelle le démocrate avait privé Donald Trump d’un second mandat.

Annoncer une nouvelle candidature à cette date, alors même que les Américains pourraient assister à un remake du duel de 2020, serait un symbole fort.

Un emploi du temps propice

Aucun évènement de campagne ne figure pour l’instant à l’agenda du président la semaine prochaine. Mais son emploi du temps paraît aussi très compatible avec cette possible annonce, surtout si elle est faite par vidéo, ce que plusieurs médias américains suggèrent.

Lundi, Joe Biden présidera une cérémonie décorant des enseignants. Il recevra également trois élus du Tennessee qui avaient manifesté dans leur assemblée locale contre les fusillades à répétition qui endeuillent le pays.

L’éducation et la régulation des armes à feu sont deux des plus grandes priorités de Joe Biden.

Mardi, le jour de la possible annonce, le président doit parler devant un syndicat pour faire part de sa vision sur un de ses principaux leitmotivs : comment ramener les « emplois manufacturiers » aux États-Unis et « reconstruire la classe moyenne ».

Le lendemain, il recevra le président sud-coréen Yoon Suk Yeol pour un dîner d’État, un évènement dont il pourrait être tenté de se servir pour se distancer de son prédécesseur Donald Trump, connu pour ses rencontres avec le nord-coréen Kim Jong-un.

« Pupitre »

Tous ces éléments font de cette semaine une période propice pour Joe Biden. Mais ne demandez pas à sa porte-parole Karine Jean-Pierre quelconque confirmation.

Elle agite immédiatement une loi américaine, qui interdit aux employés fédéraux de s’investir dans des campagnes politiques.

« Je sais qu’il y a beaucoup d’intérêt autour de tout cela », a-t-elle dit vendredi lors de son point presse quotidien. « Je comprends évidemment toutes les questions », a déclaré la porte-parole.  

« Mais quand il s’agit des projets du président pour 2024, je tiens juste à dire que la loi fédérale m’interdit de parler de sujets liés à une campagne depuis ce pupitre », a-t-elle assuré.

Son refus de répondre a incité les reporters à reposer la question de façon plus originale.

« Comment le président a-t-il prévu de marquer le quatrième anniversaire de sa dernière candidature ? », « Qui peut répondre à nos questions sur 2024 ? », ont lancé les journalistes.

« Je n’ai rien à dire sur 2024 », a asséné Karine Jean-Pierre. « Dans tous les cas, ça ne viendra pas de ce pupitre. »