(Washington) Une coalition de médecins antiavortement a demandé mardi à la Cour suprême des États-Unis de restreindre l’accès à une pilule abortive largement utilisée dans le pays, à la veille d’une décision très attendue du temple du droit américain sur ce sujet.

L’Agence américaine des médicaments (la FDA) et le laboratoire pharmaceutique Danco, qui fabrique la mifépristone, ont « éhontément bafoué la loi et les réglementations en vigueur […] et ont continuellement fait passer la politique avant la santé des femmes », ont dénoncé ces associations de gynécologues et de pédiatres militant contre l’avortement dans un texte déposé auprès de la haute cour.

Une véritable bataille judiciaire s’est engagée depuis qu’un juge fédéral au Texas, saisi par des militants antiavortement, a retiré le 7 avril l’autorisation de mise sur le marché de la mifépristone, donnée par la FDA. En dépit du consensus scientifique, il a estimé qu’elle présentait des risques pour la santé des femmes.

Une cour d’appel, saisie par le gouvernement fédéral, a ensuite permis que la pilule abortive reste autorisée, mais en limitant les facilités d’accès accordées par la FDA au fil des ans.

Son jugement revenait ainsi notamment à interdire l’envoi par la poste de la mifépristone et à retourner à une utilisation limitée à sept semaines de grossesse, au lieu de dix.  

Le gouvernement fédéral a alors saisi en urgence la Cour suprême, qui a temporairement maintenu vendredi l’accès à la pilule abortive, en suspendant la décision de la cour d’appel afin d’avoir plus de temps pour examiner le dossier.

La suspension vaut jusqu’à mercredi juste avant minuit, a précisé la Cour suprême.

« Sans une décision suspensive, la mifépristone va provoquer encore plus de complications physiques, de traumatismes émotionnels et même de morts chez les femmes », ont argué les médecins.

« Elle nuira aussi aux plaignants en les forçant à pratiquer des avortements à la carte violant leur conscience », ont-ils ajouté, en demandant à la Cour de laisser la décision de la cour d’appel en place.

En combinaison avec un autre médicament, la mifépristone est utilisée pour plus de la moitié des interruptions volontaires de grossesse aux États-Unis. Plus de cinq millions d’Américaines l’ont déjà prise depuis son autorisation par la FDA il y a plus de 20 ans.

Dans une quinzaine d’États américains ayant récemment interdit l’avortement, la pilule abortive n’est déjà plus disponible officiellement, même si des voies détournées se sont développées. L’impact de restrictions ou d’une interdiction de cette pilule concernerait donc en premier lieu les États où l’avortement reste légal – pour beaucoup démocrates.