(Louisville) La police de la ville de Louisville, au cœur des États-Unis, a recours de façon récurrente à un usage excessif de la force et à d’autres pratiques illégales, discriminatoires, voire racistes, a conclu mercredi une retentissante enquête fédérale.

Ce rapport s’inscrit dans le sillage de l’homicide de Breonna Taylor, une employée d’un service d’urgences hospitalières de Louisville qui avait été tuée d’au moins huit balles par la police, dans son propre appartement, le 13 mars 2020.  

Le sort de Mme Taylor, une Afro-Américaine de 26 ans, a suscité une indignation nationale et son nom a été scandé dans les manifestations qui ont agité les États-Unis lors du vaste mouvement de contestation du racisme et des violences policières de 2020, en réaction au meurtre de George Floyd à Minneapolis.

Le rapport des autorités fédérales, rédigé au terme de deux ans d’investigations, a été dévoilé mercredi à Louisville, la plus grande ville du Kentucky, par le ministre américain de la Justice Merrick Garland, venu spécialement de Washington.

Dans ses conclusions, son ministère dénonce les « pratiques policières agressives » de la police à Louisville, « mises en œuvre de façon sélective, en particulier à l’encontre des personnes noires ».

« Des policiers se sont eux-mêmes filmés en train de jeter des boissons à des piétons depuis leur voiture, d’insulter des personnes handicapées ou d’appeler des personnes noires “singes” ou “animal” », relève le rapport d’inspection.

Les enquêteurs fédéraux ont également noté une utilisation abusive, par les agents à Louisville, de chiens policiers ou de pistolets à décharge électrique de type Taser. Lors des interpellations, ils ont trop souvent recours à des prises de strangulation pour neutraliser les suspects, accusent-ils également.

Le rapport déplore aussi les contrôles routiers injustifiés, les perquisitions et fouilles illégales et les harcèlements répétés de personnes issues de minorités.  

« En se comportant ainsi, la police de Louisville a sapé sa mission de sécurité publique et dégradé sa relation avec les habitants qu’elle est censée servir et protéger », a souligné M. Garland.

Le cadre des enquêtes visant les forces de l’ordre a été défini par le Congrès américain dans le sillage de l’acquittement en 1992 des policiers de Los Angeles qui avaient passé à tabac un chauffeur de taxi noir, Rodney King.  

En près de trois décennies, la division des droits civiques du ministère américain de la Justice a ouvert des dizaines d’enquêtes sur des services de police. Parmi les métropoles qui ont été visées figurent Miami, Cleveland, La Nouvelle-Orléans, Detroit, Seattle, Los Angeles, Pittsburgh, Chicago ou encore Baltimore.  

Ces investigations donnent lieu à la publication d’un rapport et peuvent soit déboucher sur des non-lieux, soit des décisions de justice contraignantes, ou encore un accord à l’amiable dont l’application est supervisée ou non par un juge.

Huit enquêtes fédérales ont été ouvertes depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, concernant notamment la police de Minneapolis, de Phoenix ou d’Oklahoma City.

Coïncidence de calendrier, la dernière enquête fédérale a été officiellement lancée mercredi, sur la police de Memphis. C’est dans cette ville du Tennessee qu’un Afro-Américain de 29 ans, Tyre Nichols, a été violemment passé à tabac en janvier par des policiers, avant de décéder trois jours plus tard.