(Miami) « Vous n’avez encore rien vu » : le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui flirte ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024, a dévoilé mardi une nouvelle série de mesures très controversées pour son État, aux accents de programme politique pour l’Amérique.

Une réduction draconienne de l’accès à l’avortement, un assouplissement de la législation sur les armes à feu, une offensive contre les jeunes transgenres… le républicain s’est engagé à faire de son État un laboratoire des idées conservatrices, espérant qu’elles le propulseront jusqu’à la Maison-Blanche.

« La Floride est à l’avant-garde de la bataille pour la liberté », a-t-il déclaré à la tribune du Parlement de Floride juste avant que les élus n’entament leurs travaux parlementaires.

Cette session de 60 jours sera largement consacrée à faire appliquer le programme du gouverneur républicain. Après quoi les observateurs s’attendent à ce que Ron DeSantis déclare officiellement sa candidature pour 2024.

« Endoctrinement politique »

Le gouverneur conservateur, un catholique qui incarne l’autorité et les valeurs traditionnelles, est perçu comme le plus grand rival de Donald Trump pour l’investiture républicaine. Il a fait de son combat contre les politiques, entreprises et professeurs qu’il qualifie de « woke » une marque de fabrique.

En clair, le quadragénaire accuse un groupe d’« élites » d’imposer leur idéologie progressiste à une société qui la refuse, et s’est engagé à faire de son État un rempart.

Au cours des prochaines semaines, les élus du « Sunshine State » étudieront ainsi un texte pour restreindre encore davantage l’enseignement des sujets en lien avec l’orientation sexuelle à l’école. Les établissements scolaires doivent offrir une « éducation de qualité » et non un « endoctrinement politique », a plaidé Ron DeSantis mardi.

Le gouverneur a aussi appelé à limiter l’accès aux traitements pour les mineurs transgenres, estimant que les « enfants ne doivent pas être des cobayes pour des expériences scientifiques ».

Il a également réitéré son opposition à l’avortement tandis que des élus présentaient un projet de loi pour interdire l’interruption volontaire de grossesse après six semaines.

La Maison-Blanche a vivement critiqué ce projet de loi, estimant qu’il aurait pour effet de « pratiquement éliminer le droit d’une femme » à disposer de son corps.

Tous ces textes ont de très grandes chances d’être adoptés compte tenu de l’influence énorme dont le républicain de 44 ans jouit sur son parti, majoritaire dans les deux chambres du Parlement de Floride.

« Ron-la-Morale »

Et il continueront d’offrir au gouverneur une attention médiatique dont rêveraient de nombreux candidats à l’élection présidentielle.

Ron DeSantis résiste pour autant à l’idée de descendre prématurément dans l’arène et affronter mano-a-mano Donald Trump.

À la place, l’ancien élu du Congrès s’est lancé dans un grand tour du pays, soucieux de cultiver son « capital politique » au-delà des frontières de son État.

« Nous sommes la destination numéro un pour nos compatriotes américains qui cherchent une vie meilleure », a assuré Ron DeSantis lors de son discours mardi.

Dans les prochaines semaines, il continuera de faire la promotion de ses mémoires, qui attestent que le gouverneur a les yeux rivés sur la Maison-Blanche. Elles sont savamment baptisées Le courage d’être libre : la Floride comme modèle pour redresser l’Amérique.

Donald Trump, qui mène pour l’instant la course dans les sondages, a malgré tout commencé à lancer de premières salves en direction de son possible futur rival.

« La Floride se porte bien depuis de nombreuses années, bien avant que Ron-la-Morale ne s’y installe ! », a-t-il ainsi lancé mardi matin, l’affublant d’un de ses célèbres sobriquets.