(National Harbor) Le CO2 est-il « bon pour la planète » ? Les prédictions des scientifiques sont-elles « exagérées » ? Ou faut-il enfin faire du climat « une priorité » ? Réunis cette semaine en congrès, les conservateurs américains ont affiché de fortes divergences sur ce sujet.

Au milieu des stands du CPAC, grande convention politique organisée près de Washington, trône une série de pamphlets bleus appelant à « réfuter l’idée selon laquelle le changement climatique est provoqué par l’humain ».

« Le climat évolue, mais nous contestons le côté catastrophique de la question », justifie Gabriella Hoffman porte-parole du Committee for a constructive tomorrow (CFACT).  

Depuis son stand, installé entre une reproduction du bureau Ovale et des biscuits aux couleurs du drapeau américain, cette association appelle à changer « le discours » sur le dérèglement climatique.

Des déclarations alarmistes sur l’avenir de la planète, « nous en entendons à longueur de journée », mais la réalité s’avère souvent « ne pas être si dramatique que ça », assure Gabriella Hoffman.

CO2 mon amour

Les rapports d’experts, les records de températures qui s’enchaînent… toutes ces données sont largement « exagérées », renchérit Payne Kilbourn, depuis son stand quelques rangées plus loin, recouvert d’épinglettes « J’adore le CO2 ».

Pour cet ingénieur nucléaire, dont l’association « CO2 coalition » participe à sa troisième édition du CPAC, le dioxyde de carbone, qui sort par exemple des pots d’échappement, est « bon pour la planète ».  

« Ça aide les plantes à pousser », déclare sans détour ce militant qui vend des objets portant le slogan « Détendez-vous, les ours polaires ne vont pas disparaître ».  

Qu’importe que ce groupe ait de nombreuses fois été épinglé pour avoir relayé des affirmations trompeuses. « Nous sommes le seul stand scientifique ici », prétend Payne Kilbourn, assurant que « tous les autres font de la politique ».

Reconquérir les jeunes

Mais tous les conservateurs participant au Congrès ne sont pas de cet avis.

Morgan Chrisman, une jeune républicaine de 24 ans qui ne doute pas une seconde de l’imminence de la crise climatique, tient un pavillon exhortant à faire de l’avenir de la planète « une priorité ».  

Une opinion plutôt minoritaire à cette grand-messe conservatrice, où s’enchaînent les panels faisant l’éloge du pétrole comme énergie dominante.

« Cela fait trop longtemps que la gauche s’accapare de ces sujets et beaucoup de jeunes pensent que les républicains n’ont rien à leur offrir », regrette-elle.

Lors des deux dernières élections américaines, les jeunes ont en effet largement préféré les candidats progressistes, faisant des questions climatiques une priorité.

Morgan, qui vend des casquettes appelant à « rendre à l’énergie américaine sa grandeur » – un clin d’œil au slogan de campagne de Donald Trump en 2016 –, appartient au groupe des « Jeunes républicains pour le dividende carbone », qui s’est donné pour mission de reconquérir l’électorat jeune.  

« Le capitalisme est la solution au changement climatique », « nous adorons l’énergie nucléaire »… ce groupe est convaincu qu’il existe des solutions au réchauffement climatique « fondées sur l’économie de marché », bien plus efficaces que celles actuellement prônées par les démocrates.

« Toutes les personnes de moins de 40 ans qui viennent nous voir sont très enthousiastes », assure la jeune républicaine.