(National Harbor) « Ne pas s’énerver » ni être « trop technique » : prêts pour le combat après une série de déconvenues aux dernières élections, les républicains ont déroulé cette semaine devant leurs militants une recette – censée être infaillible – pour remporter la Maison-Blanche en 2024.

« En 2022, nombre d’entre nous ont été déçus parce qu’il n’y a pas eu la vague républicaine que nous espérions », assure Corey DeAngelis, devant un panel du CPAC, la grand-messe annuelle des conservateurs organisée jusqu’à samedi en banlieue de Washington.

« Géant endormi »

Mais les démocrates « ont réveillé un géant longtemps endormi », assure ce conservateur au costume bleu marine. Lors de la prochaine élection présidentielle, promet-il devant un parterre de militants, les conservateurs vont « faire pleurer les socialistes ».

Pour gagner en 2024, il suffira de respecter 45 simples maximes assure Dena Espenscheid, membre d’un groupe spécialisé dans la formation des conservateurs, le Leadership Institute.

Appliquez ces commandements, et la victoire est « quasiment garantie », déclare-t-elle pleine d’enthousiasme.

Installée à sa gauche, sa collègue Carly Tomaine pointe vers une présentation projetée à l’écran :

« Ne vous énervez jamais, sauf si ça peut vous être utile ». « Ne soyez pas trop technique – la mère célibataire de l’Ohio se fiche de ça – citez plutôt des faits réels », énumère-t-elle depuis la salle d’un hôtel huppé du Maryland.

Actions concrètes

« Vous devez agir rapidement », renchérit Dena Espenscheid. Le plus important, martèle-t-elle, est de « sortir de chez vous », de faire des actions concrètes, plutôt que des publications sur les réseaux sociaux, estime l’intervenante.

L’objectif pour ces militants est de se former dès qu’ils ont une minute, poursuit-elle :

En ligne ou en personne, « quand vous êtes coincée à allaiter votre bébé à 2 h heures du matin »…  

Les participants, coiffés de casquettes et d’épinglettes aux couleurs du drapeau américain, hochent la tête, prenant religieusement des notes.

À la sortie, ils se voient tous remettre un petit sac avec un exemplaire de la Constitution américaine, un pamphlet intitulé « Comment gagner » et un petit bonbon à la menthe.

Et les questions fusent : « Comment faire quand on habite dans un État démocrate ? », « Comment se mobiliser contre la politique sanitaire de Biden ? », « Et si l’on veut faire interdire les pilules abortives à Washington ? »

Trump ?

Tous ces militants sont venus pour participer à ce grand congrès politique, où sont attendus les ténors ultra-conservateurs, dont l’ancien président Donald Trump et l’ex-dirigeant brésilien Jair Bolsonaro samedi.

Installée au-devant de la salle, une femme rousse interpelle soudain : « Et que fait-on de toutes ces élections qui sont volées ? », interroge-t-elle en référence aux accusations véhiculées par Donald Trump de fraude à la présidentielle de 2020, maintes fois démenties par les autorités compétentes.

Murmures, doigts pointés. On lui demande de se rasseoir.  

Comme une illustration des divisions traversant le parti sur le rôle à confier à l’ancien président, la pièce est plusieurs fois prise d’un étrange malaise.

« Tout le monde n’adore pas Trump, vous voyez ce que je veux dire ? », confie Ryan Halasz, un conservateur de 19 ans, à la sortie.