(Washington) Le président Joe Biden et le premier ministre japonais Fumio Kishida ont salué vendredi la force de leur alliance et le rôle accru que Tokyo entend jouer pour sauvegarder la stabilité dans la région Asie-Pacifique et dans le monde.

« Je veux être très clair : les États-Unis sont pleinement, résolument et totalement engagés dans cette alliance et plus important encore dans la défense du Japon », a déclaré M. Biden dans le bureau Ovale, se félicitant aussi de la « hausse historique » du budget militaire de Tokyo et sa nouvelle stratégie sécuritaire.

« Vous êtes un véritable leader et un véritable ami », a-t-il ajouté aux côtés de M. Kishida.

Le premier ministre japonais a pour sa part mis en avant cette nouvelle doctrine de défense adoptée par son gouvernement en décembre et qui prévoit une hausse massive du budget de la défense et de nouvelles capacités militaires.

Cela devrait « être bénéfique pour nos capacités de dissuasion et de riposte », a-t-il affirmé, un message à destination de Pékin au comportement de plus en plus affirmé dans la région et de Pyongyang et son programme de développement de missiles balistiques.

Dans un discours peu après devant des étudiants de l’Université Johns Hopkins, le dirigeant japonais a parlé d’un tournant historique pour son pays et mis en garde contre le fait que si on laissait faire l’invasion russe en Ukraine pouvait enhardir d’autres pays.

« L’agression russe contre l’Ukraine marque la fin totale du monde post-Guerre froide », a-t-il dit.

« Si nous laissons faire ce changement unilatéral du statu quo par la force, cela se passera ailleurs dans le monde y compris en Asie », a-t-il ajouté dans une allusion à peine voilée à Taïwan sur fond de crainte d’une invasion chinoise.

Le Japon s’est joint aux puissances occidentales en imposant des sanctions contre Moscou depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022.

Contre-attaque

Défense spatiale, déploiement supplémentaire de Marines prévu à Okinawa, accord militaire avec Londres : le Japon affiche de nouvelles ambitions face à la Chine que Tokyo considère désormais comme posant un « défi stratégique sans précédent » à sa sécurité.

Tokyo a dévoilé en décembre une refonte de la doctrine de défense du pays, prévoyant un quasi doublement des dépenses militaires pour les porter à 2 % du PIB national d’ici 2027.

Le Japon entend aussi se doter d’une « capacité de contre-attaque » en acquérant des missiles de plus longue portée dont des missiles Tomahawk, un changement majeur pour ce pays dont la Constitution pacifiste adoptée après la Seconde guerre mondiale interdit d’entrer en guerre.

Réunis à Washington mercredi, les chefs américains et japonais de la diplomatie et de la défense ont convenu d’étendre explicitement le traité nippo-américain de sécurité dans le domaine spatial. Ils ont également annoncé le déploiement d’ici 2025 d’une force de réaction rapide du corps des Marines à Okinawa, le département japonais le plus proche de Taïwan et de la Chine continentale.

Il s’agissait de la première visite à Washington du premier ministre japonais dont le pays a pris en début d’année la présidence annuelle du G7.

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Fumio Kishida et Joe Biden se rendant au bureau Ovale

M. Kishida achève ainsi aux États-Unis une intense tournée en Europe et en Amérique du Nord qui l’aura aussi amené en France, en Italie, au Royaume-Uni et au Canada.  

Les États-Unis et le Japon devaient encore signer plus tard vendredi au siège de la NASA un accord-cadre dans le domaine de l’exploration de l’espace.