(New York) Après avoir eu la chance de rencontrer Joe et Jill Biden deux fois à la Maison-Blanche au cours des dernières semaines, Barbara Perry n’entretient aucun doute sur leur attitude à l’égard d’une nouvelle campagne présidentielle.

« Sont-ils prêts à se lancer de nouveau dans la bataille ? Si la campagne commençait demain, je dirais : “Oui, absolument.’’ Ils n’ont pas l’air fatigués ou usés. Et je dois dire que Joe Biden paraît 10 ou 15 ans de moins de près que sur une scène. Le contact des gens semble l’énergiser », a déclaré la directrice des études présidentielles à l’Université de Virginie, qui a participé le 9 novembre à un dîner offert par la première dame aux membres de l’Association historique de la Maison-Blanche et à une réception de Noël le 15 décembre.

Mais la campagne présidentielle de 2024 ne commence pas demain. Et Jill Biden sera probablement la personne qui exercera la plus grande influence sur la décision de son mari de solliciter un deuxième mandat à la Maison-Blanche durant sa neuvième décennie sur Terre.

« Il doit savoir qu’elle est prête à le faire de nouveau », a déclaré Barbara Perry, autrice de plusieurs livres sur les présidents et les premières dames.

Je pense qu’elle est la seule personne qui puisse voir s’il ralentit mentalement ou physiquement. Et mon impression à son sujet est qu’elle a beaucoup de bon sens.

Barbara Perry, autrice

Or, si Jill Biden a des réserves sur l’opportunité d’une nouvelle campagne présidentielle, elle devra les exprimer rapidement. Car le chef de cabinet de la Maison-Blanche, Ron Klain, a indiqué récemment que Joe Biden confirmerait son intention de briguer la présidence en 2024 après le congé des Fêtes.

Professeure d’anglais

Entre-temps, les Biden ont célébré Noël à la Maison-Blanche avec des membres de leur famille et passé la semaine suivante à Sainte-Croix, une île qui est en fait un territoire américain, près de Porto Rico, où la première dame devait s’adonner à deux de ses activités préférées : la plage et la lecture. Il s’agissait pour elle d’un rare moment de repos. À 71 ans, cette adepte de la course à pied ne s’arrête jamais. Deux jours par semaine, elle fait la navette entre la Maison-Blanche et Alexandria, dans le nord de la Virginie, où, depuis 2009, elle donne des cours d’anglais dans un collège communautaire, charge qui l’oblige à consacrer des soirées à corriger des travaux ou des examens.

C’est ainsi que Jill Biden est devenue la première First Lady des États-Unis à poursuivre une carrière professionnelle en dehors de la Maison-Blanche.

Ce qui ne signifie pas qu’elle néglige les fonctions traditionnelles qu’on associe à son rôle, celles d’hôtesse de la Maison-Blanche, de championne de diverses causes et de soutien politique.

« Je pense que les gens étaient un peu sceptiques », a-t-elle confié au magazine Real Simple en faisant allusion à sa décision de continuer à enseigner. « Pouvais-je vraiment le faire, puisque j’étais la première à l’essayer ? Mais je savais que je voulais enseigner. Et donc j’ai dit : “C’est ce que je veux faire. Il faut qu’on trouve une solution.” Je savais que je pouvais faire les deux. »

Dans son rôle de soutien politique, Jill Biden a été particulièrement active lors de la campagne qui a précédé les élections de mi-mandat. Pendant que son mari devait limiter ses déplacements en raison de son impopularité, la première dame était très demandée dans tous les États clés, de l’Arizona au New Hampshire en passant évidemment par la Pennsylvanie, l’État où cette « fille de Philly », comme son mari l’appelle, a grandi.

Itinéraire auquel il faut ajouter au cours des deux dernières années des voyages à l’étranger, y compris en Ukraine en mai dernier, et de multiples déplacements liés aux deux autres causes qui lui sont chères en plus de l’éducation : le sort des familles militaires et la lutte contre le cancer.

Le fait d’être la mère d’un vétéran de la guerre d’Irak ayant succombé à un cancer du cerveau n’est pas étranger à son engagement dans ces deux dernières causes. Même si Beau Biden était issu du premier mariage de Joe Biden, elle le considérait comme son propre fils, à l’instar de Hunter Biden (le président et elle ont eu une fille ensemble, Ashley).

Barbara Perry, qui a consacré son premier livre à Jacqueline Kennedy, ne cache pas son admiration pour l’ensemble de la performance de Jill Biden. « Si j’avais à lui donner une note, ce serait un A. Car elle est à mes yeux l’exemple parfait d’une première dame. Et j’ajouterais un plus en raison du rôle différent qu’elle joue sur le plan professionnel. »

Comme professeure, Jill Biden a elle-même la réputation d’être sévère quand vient le temps de noter les travaux de ses étudiants. Mais elle a toujours réservé à son mari ses meilleures notes. « Il comprend le gouvernement mieux que quiconque », a-t-elle répondu récemment à une journaliste de NBC qui lui demandait pourquoi le 46président devait rester à la Maison-Blanche après 2024. Une chose est certaine : Joe Biden peut se considérer comme chanceux de pouvoir compter sur l’appui et l’énergie d’une telle dynamo.