(Calgary) Les déversements de l’oléoduc Keystone de TC Énergie ont augmenté en gravité ces dernières années, au point que le bilan de sécurité du pipeline est maintenant pire que la moyenne américaine, selon les données du gouvernement des États-Unis.

Le pipeline de 4324 km — qui appartient à TC Énergie du Canada et aide à acheminer le pétrole brut canadien et américain vers les marchés d’Amérique du Nord — a subi la pire fuite de son histoire la semaine dernière, lorsqu’environ 14 000 barils de pétrole se sont déversés dans un cours d’eau du comté de Washington, au Kansas.

Même avant cet évènement, le bilan de sécurité du pipeline Keystone s’était détérioré, selon un rapport publié l’année dernière par le U. S. Government Accountability Office, une agence de surveillance du Congrès américain.

« L’historique des accidents de Keystone est similaire à celui d’autres oléoducs depuis 2010, mais la gravité des déversements s’est accentuée ces dernières années », précise le rapport.

Comme pour d’autres oléoducs de pétrole brut en Amérique du Nord, la plupart des 22 accidents de Keystone de 2010 à 2020 ont libéré moins de 50 barils de pétrole et ont été confinés sur une propriété contrôlée par l’opérateur, comme une station de pompage, peut-on lire.

Néanmoins, en 2017, une fuite de Keystone a entraîné un déversement d’environ 6600 barils dans le Dakota du Nord, tandis qu’en 2019, le pipeline a déversé environ 4500 barils de pétrole dans le Dakota du Sud.

Les deux évènements — qui, combinés, étaient encore plus petits que le déversement de la semaine dernière au Kansas — étaient suffisamment importants pour remplir les critères des accidents « impactant les personnes ou l’environnement » de la Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (PHMSA).

« Selon les mesures de la PHMSA pour ces types d’accidents plus graves, de 2010 à 2020, TC Énergie a obtenu de meilleurs résultats que les moyennes nationales, mais ils sont pire au cours des cinq dernières années », indique le rapport du GOA.

Dans une déclaration par courriel lundi, TC Énergie a déclaré avoir pris des « mesures décisives » au cours des dernières années pour renforcer son approche de la sécurité et de l’intégrité de son réseau d’oléoduc.

« Nous prenons chaque incident très au sérieux. Aucun incident n’est jamais acceptable pour nous », a indiqué Reid Fiest, responsable de l’information publique de TC.

Lundi, TC Énergie avait plus de 250 personnes sur le terrain dans le comté de Washington pour nettoyer le dernier déversement. Bien que la société ait déclaré que le pétrole avait été contenu, elle n’a pas encore identifié la cause de la fuite.

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Une équipe de nettoyage sur place, le 9 décembre

Le système de pipeline Keystone reste fermé et aucune date de redémarrage n’a été fixée. La société a annoncé qu’elle mènerait une enquête complète, en coopération avec les régulateurs, sur la cause du déversement.

Les pipelines sont largement considérés par les experts comme un mode de transport du pétrole brut plus sûr que le chemin de fer ou le camion. Pourtant, le risque de déversement est depuis longtemps un facteur cité par les écologistes et d’autres qui se sont opposés aux projets de construction d’oléoducs en Amérique du Nord au cours des dernières années.

Par exemple, les craintes concernant les fuites potentielles des pipelines ainsi que les préoccupations concernant les changements climatiques ont contribué à attiser l’opposition à l’extension Keystone XL proposée par TC Énergie. Ce projet aurait traversé le Montana, le Dakota du Sud et le Nebraska, mais son permis a finalement été annulé par le président américain Joe Biden en 2021.

Selon le rapport du GOA, Keystone est le seul oléoduc de pétrole brut aux États-Unis à avoir obtenu un permis spécial de la PHMSA pour exploiter certaines parties du pipeline à un niveau de pression plus élevé que celui autorisé par la réglementation en vigueur.

Par conséquent, depuis 2017, TC Énergie exploite Keystone à une pression de fonctionnement supérieure à celle qui serait normalement autorisée par les règles américaines.

Cependant, le rapport du GOA a conclu que les déversements de 2017 et 2019 n’étaient pas le résultat de ce permis spécial.

Au lieu de cela, le rapport a identifié les « problèmes de construction » conduisant à la défaillance matérielle des tuyaux ou du matériel de soudage comme facteur principal des accidents passés de Keystone. Il est écrit que la fuite Keystone de 2017 avait été causée par des problèmes de construction, d’installation ou de fabrication du pipeline, tandis que l’accident de 2019 dans le Dakota du Nord avait été causé par des défauts dans la fabrication d’origine de la canalisation.