À moins d’une énorme surprise, les républicains prendront le contrôle de la Chambre des représentants à la faveur des élections de mi-mandat. Si la vague rouge est assez forte, ils pourraient même conquérir le Sénat. Que pourront-ils accomplir avec leur majorité dans l’une des chambres du Congrès américain, ou les deux ? Leur programme n’a rien de secret.

La commission du 6-Janvier

PHOTO JIM BOURG, ARCHIVES REUTERS

Document qui requiert la comparution de l’ancien président Donald Trump devant la commission du 6-Janvier

Le 118e Congrès se réunira pour la première fois le 3 janvier 2023. L’un des premiers points à l’agenda des républicains de la Chambre des représentants sera la dissolution de la commission d’enquête sur les évènements qui ont mené à l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole, si nécessaire. Lancée en juillet 2021, cette commission a récemment cité Donald Trump à comparaître d’ici le 14 novembre. Or, la rumeur veut que l’ancien président ait choisi cette date pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. Les démocrates pourraient eux-mêmes mettre fin à leurs travaux d’ici janvier, mais leur bras de fer avec Trump pourrait les en empêcher.

Les affaires de Hunter Biden

Depuis deux ans, de nombreux représentants républicains font grand cas de l’ordinateur abandonné par Hunter Biden dans un atelier de réparation du Delaware. Ils se promettent de se servir d’une partie de son contenu — courriels et textos — dans le cadre d’une enquête sur les affaires du fils du président, notamment avec des sociétés chinoises. Des médias comme le Washington Post et le New York Times ont authentifié une partie du contenu de l’ordinateur et affirmé que Hunter Biden avait exploité son nom et ses contacts pour s’enrichir. Mais ils ont refusé de conclure, comme le font des républicains et des médias conservateurs, que Joe Biden lui-même s’est enrichi grâce aux affaires de son fils.

La destitution de Joe Biden

PHOTO MIKE KROPF, ASSOCIATED PRESS

Le candidat sortant à un poste de représentant pour la Virginie, Bob Good, lors d’un débat électoral à Farmville, le 26 octobre

Les républicains de la Chambre des représentants ont soif de vengeance. Après avoir vu Donald Trump faire l’objet de deux procédures de destitution, certains d’entre eux veulent rendre la pareille aux démocrates. Pour quels motifs ? « J’ai toujours dit que le président Biden devrait être mis en accusation pour avoir ouvert intentionnellement notre frontière et rendu les Américains moins sûrs », a répondu le représentant de Virginie Bob Good. D’autres pensent que la façon dont le président a géré le retrait des soldats américains d’Afghanistan est également un motif de destitution. Et si Joe Biden n’est pas mis en accusation, d’autres membres de son administration pourraient l’être, dont le procureur général Merrick Garland.

Le plafond de la dette

Et une crise financière mondiale avec ça ? Le scénario hypothétique est lié au plafond de la dette américaine, qui s’élève à 31 400 milliards de dollars. En 2023, le Congrès devra relever ce plafond pour continuer à financer les activités du gouvernement et éviter un défaut de paiement susceptible de provoquer une crise financière mondiale. Or, les républicains de la Chambre veulent utiliser la menace d’un tel scénario pour forcer Joe Biden à accepter des coupes dans les programmes sociaux et environnementaux. Le président pourrait éviter une telle « prise d’otage » en trouvant une façon de relever le plafond de la dette d’ici janvier. Plus facile à dire qu’à faire.

L’aide à Ukraine

PHOTO FOURNIE PAR LE BUREAU DU PRÉSIDENT UKRAINIEN, ASSOCIATED PRESS

Le président Volodymyr Zelensky et le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, à Kyiv, vendredi

Finis les « chèques en blanc » à l’Ukraine. Dans une entrevue récente, Kevin McCarthy, successeur probable de Nancy Pelosi au poste de président de la Chambre, a reproché à l’administration Biden d’en faire trop pour le pays de Volodymyr Zelensky et pas assez pour le sien, notamment en matière d’immigration illégale. « L’Ukraine est importante, mais en même temps, ça ne peut pas être la seule chose qu’ils font, et ça ne peut pas être un chèque en blanc », a-t-il dit. Marjorie Taylor Greene, sa collègue de Géorgie, est allée beaucoup plus loin jeudi : « Sous les républicains, pas un sou n’ira à l’Ukraine », a-t-elle dit.

La confirmation des juges

S’ils ne deviennent pas majoritaires au Sénat, les républicains n’y pourront rien : Joe Biden pourra continuer à obtenir la confirmation de ses juges à la magistrature fédérale, ce qu’il a fait à un rythme inégalé depuis la présidence de John Kennedy. Mais il en sera autrement si les républicains prenaient le contrôle de la chambre haute du Congrès. Mitch McConnell et ses collègues pourraient alors bloquer tous les juges nommés par le président démocrate. Et si la vacance d’un siège à la Cour suprême survenait, McConnell pourrait également refuser de confirmer le choix du président, comme il l’a déjà fait quand Barack Obama a nommé Merrick Garland pour remplacer le juge conservateur Antonin Scalia.

L’interdiction de l’avortement

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Lindsey Graham, sénateur républicain de la Caroline du Sud

C’est un autre élément du programme républicain qui nécessiterait le plein contrôle du Congrès pour devenir réalité. Le sénateur de la Caroline du Sud Lindsey Graham a déjà promis de présenter, dans la foulée d’un doublé républicain, un projet de loi interdisant l’avortement après 15 semaines de grossesse dans les 21 États américains qui autorisent encore l’avortement jusqu’à la 24e semaine de grossesse. Un tel texte se buterait sans nul doute au « filibuster », la règle des 60 voix requise pour clore le débat au Sénat sur une telle mesure. Mais il marquerait un tournant dans le débat sur l’avenir de l’avortement aux États-Unis.

Le procès du DFauci

Les républicains de la Chambre des représentants se sont engagés à enquêter sur les allégations selon lesquelles le SARS-CoV-2, virus responsable de la COVID-19, proviendrait de l’Institut de virologie de Wuhan. Cette enquête aurait également pour objectif d’examiner les fonds fédéraux ayant soutenu les travaux réalisés dans ce laboratoire. Un sénat à majorité républicaine tiendrait également une enquête semblable. Menée par le sénateur du Kentucky Rand Paul, celle-ci risquerait de se transformer en procès de son ennemi juré, Anthony Fauci, visage de la pandémie de COVID-19 aux États-Unis. Même s’il partira à la retraite en décembre, l’immunologue s’est dit prêt à défendre son bilan devant le Congrès.