(Pittsburgh) Le président américain Joe Biden a vanté jeudi son plan d’investissement dans les infrastructures lors d’une visite de soutien au candidat John Fetterman en Pennsylvanie, où démocrates et républicains se livrent une lutte acharnée pour un siège de sénateur qui pourrait faire basculer la majorité à la chambre haute.

Joe Biden est d’abord allé à Pittsburgh, où il s’est exprimé devant un pont en cours de réparation dont il veut faire un symbole du succès de son programme.

Il s’est ensuite rendu à Philadelphie pour une levée de fonds en compagnie de M. Fetterman, qui espère rejoindre le Sénat après les élections de novembre.

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John Fetterman

Le plan que les démocrates ont réussi à faire passer dans un Congrès divisé est « l’investissement le plus conséquent » de l’histoire américaine, a dit le président près du Fern Hollow Bridge, qui s’était effondré en janvier.

« Il n’y a pas de meilleur endroit pour parler de la reconstruction de la colonne vertébrale de l’Amérique, la classe moyenne », a-t-il ajouté. « Je veux que vous ressentiez ce que je ressens : de la fierté, de la fierté de ce que nous pouvons faire quand nous travaillons ensemble », a-t-il poursuivi.

Un discours visant à rallier les démocrates trois semaines avant les élections de mi-mandat.

Les analystes considèrent que la Pennsylvanie fait partie des quelques États clés que les démocrates doivent gagner pour rester maîtres du Sénat après le 8 novembre. À la Chambre des représentants, la lutte s’annonce encore plus difficile.

Course serrée

John Fetterman, colosse connu pour ses tatouages et son amour des shorts et pulls à capuche, est au centre d’une course qui se resserre face au républicain et chirurgien vedette Mehmet Oz.

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Mehmet Oz

Son avance autrefois confortable est passée de 11 points à la mi-septembre à environ cinq points dans les derniers sondages.

M. Fetterman a eu en mai un AVC dont il assure se remettre mais qui l’a empêché de faire campagne en public pendant plusieurs semaines.

Et à quelques jours d’un débat prévu entre les deux candidats, ses opposants ont redoublé de critiques et mis en doute ses capacités.

Pour l’heure, les tentatives de Joe Biden d’aider son parti ont eu un effet limité – son impopularité ne lui facilite pas la tâche. Dans de récents discours, il a promis de protéger le droit à l’avortement et affiché sa volonté de s’attaquer au prix élevé de l’essence.

Mais à quelques semaines des élections, les Américains semblent pencher en faveur du message républicain.

Élections difficiles

26 % d’entre eux ont cité l’économie comme principale préoccupation et 18 % l’inflation, selon un sondage récent de l’institut Siena avec le New York Times.

C’est un problème que le président ne pourra pas résoudre rapidement. Et même sur les sujets où il se sent en confiance, les choses ne sont pas si simples.

Dans un discours mardi, Joe Biden a misé sur l’indignation déclenchée par la volte-face de la Cour suprême sur l’avortement en juin pour faire le plein des voix à gauche et au centre.

Prédisant une révolte des électrices qui s’exprimerait dans les urnes, le démocrate avait déclaré que les républicains « (n’avaient) encore rien vu ».

Le sondage Siena/New York Times va à l’encontre des espoirs de Joe Biden : seuls 5 % des interrogés ont affirmé que l’avortement était leur première préoccupation.

Le président a aussi fustigé jeudi à Philadelphie les républicains, les accusant de vouloir, en cas de victoire en novembre, diminuer drastiquement le soutien financier américain à l’Ukraine.

« Ces gens ne comprennent pas. Cela va au-delà de l’Ukraine. C’est l’Europe de l’Est. C’est l’OTAN », a poursuivi le dirigeant démocrate, ajoutant que les républicains n’avaient « aucune compréhension de la politique étrangère américaine ».

Les élections de mi-mandat étant traditionnellement difficiles pour le parti au pouvoir, une lourde défaite des démocrates ne serait donc pas étonnante.

Les experts de l’infolettre spécialisée Larry Sabato’s Crystal Ball, de l’université de Virginie, ont déclaré mercredi que le parti du président semblait revenir à la réalité, après des espoirs fous de réussite.

« Il est tout simplement difficile de prospérer pour un parti avec un président impopulaire, confronté à de fortes inquiétudes des citoyens sur des sujets comme l’économie et l’inflation. »