(New York) Une centaine d’Iraniens et d’Américains ont manifesté mardi devant le siège du New York Times (NYT), à Manhattan, officiellement pour défendre les femmes en Iran mais aussi pour accuser le journal et une de ses reporters d’articles « biaisés ».

En signe de colère après le décès mi-septembre d’une Iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs, l’activiste Forouzan Farahani s’est agenouillée sur le trottoir au pied de l’immense immeuble du New York Times et s’est rasé la chevelure devant la presse.

« Nous sommes ici pour protester contre le meurtre de Masha Amini en Iran et pour le soulèvement qui se déroule dans tout le pays », a déclaré à l’AFP Mme Farahani, une « féministe iranienne » de 31 ans entrée aux États-Unis grâce à un visa d’étudiante.  

Elle a aussi rapidement expliqué qu’elle et ses camarades activistes en voulaient au New York Times, car « ces dernières années, leur récit a été biaisé et leur approche sélective dans la manière de rapporter l’actualité iranienne ici » aux États-Unis.

Le prestigieux quotidien américain à la renommée internationale n’a « pas une position neutre » face aux troubles qui secouent la République islamique, a accusé Forouzan Farahani, dont les chutes de cheveux ont été disposées sur des copies d’articles et des affichettes posées sur la chaussée et piétinées par des manifestants.

PHOTO ANGELA WEISS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des activistes en face des bureaux du New York Times, mardi à New York

Des pancartes brandies par les protestataires s’en prenaient directement au NYT, en demandant « pourquoi (il était) si silencieux » face aux manifestations en Iran depuis le 16 septembre.

Les activistes ont surtout visé une journaliste du NYT basée à New York, Farnaz Fassihi, particulièrement chevronnée sur le Moyen-Orient depuis deux décennies et qui couvre actuellement la crise en Iran.  

Ils l’accusent de partialité.  

« Nous soutenons notre couverture des troubles en Iran, conduite par Farnaz Fassihi, une journaliste expérimentée qui couvre le Moyen-Orient depuis 25 ans », a défendu auprès de l’AFP une porte-parole du New York Times.

« Comme on en a eu la démonstration aujourd’hui, Farnaz est régulièrement et injustement harcelée et menacée pour sa couverture indépendante et très bien sourcée, qui tient pour responsable le régime autoritaire iranien », a-t-elle poursuivi.

La porte-parole a assuré que le NYT « continuerait de le faire au moment où (ses) journalistes couvrent des manifestations nationales antigouvernementales ».

Le pouvoir dans la République islamique reste ferme face aux manifestants protestant contre la mort de Mahsa Amini détenue par la police des mœurs, malgré les appels de la communauté internationale à cesser la répression qui a fait des dizaines de morts.