(Uvalde) Deux mois après la tuerie dans une école primaire d’Uvalde, la police d’État du Texas a annoncé lundi avoir ouvert une enquête interne sur l’inaction déconcertante de dizaines d’agents présents sur les lieux de la fusillade. Le tireur a tué 19 enfants et deux enseignantes.

Cette annonce s’ajoute aux nombreuses répercussions qu’a entraînées la publication d’un rapport accablant de 80 pages de la Chambre du Texas, au cours du week-end, révélant l’ampleur du cafouillage des forces de l’ordre à tous les niveaux alors que 91 policiers d’État se trouvaient à l’école primaire Rob.

Ces 91 agents d’État représentent plus d’effectifs que l’ensemble du service de police d’Uvalde. Une révélation qui semble avoir fait dévier la colère populaire alors que les critiques étaient jusque là largement dirigées vers les autorités locales pour ne pas avoir confronté le tireur plus rapidement.

Le rapport rendu public dimanche dévoile pour la première fois à quel point le déploiement policier était massif et n’a pas pu empêcher que se produise l’une des pires tueries dans un établissement scolaire dans l’histoire des États-Unis.

« Vous avez 91 policiers d’État sur place. Vous avez tout l’équipement que vous pouvez espérer et vous écoutez le policier scolaire ? », a demandé le sénateur d’État Roland Gutierrez, un démocrate dont le district inclut Uvalde et qui accuse la Sécurité publique de chercher à minimiser son rôle dans le cafouillage.

PHOTO ERIC GAY, ASSOCIATED PRESS

La Sécurité publique n’a pas donné d’échéancier pour la fin de son enquête interne, mais a assuré que les actions de chaque policier d’État présent sur les lieux seront analysées afin de « déterminer si des violations de politiques, de lois ou de doctrines ont été commises ».

Les révélations selon lesquelles les agents frontaliers et les policiers d’État représentaient plus de la moitié des 376 agents de forces de l’ordre sur les lieux de la tuerie, le 24 mai dernier, ont pour effet de faire reposer la responsabilité de cette intervention lente et chaotique sur beaucoup plus d’épaules. Les premières versions du déroulement de l’intervention mettaient l’accent sur les erreurs des policiers locaux d’Uvalde.

Le rapport accablant indique très clairement que « de flagrantes mauvaises prises de décisions » ont largement dépassé le niveau des autorités locales d’Uvalde, qui se sont retrouvées déclassées en nombre par cinq fois plus d’agents d’État et fédéraux. D’autres agents de services locaux des environs ont aussi convergé vers le lieu de la fusillade.

De plus, le rapport met en lumière les rôles joués par les dirigeants des agences d’État et du fédéral qui, contrairement aux autorités locales, n’ont pas eu à participer à des rencontres devant les parents en colère d’avoir perdu leur enfant.

Sur près de 400 policiers ayant convergé vers l’école primaire Rob, seulement deux sont officiellement suspendus pour la durée d’une enquête sur leur intervention, soit le chef du district scolaire d’Uvalde, Pete Arredondo, et le lieutenant Mariano Pargas, qui agissait comme chef par intérim du Service de police d’Uvalde.

La police d’État avait précédemment fait savoir qu’aucun de ses agents sur les lieux de la tuerie n’avait été suspendu. Lundi, le gouverneur du Texas Greg Abbott a qualifié les révélations du rapport de « plus que troublantes », mais n’a pas pointé du doigt un service en particulier.

La Sécurité publique n’a pas donné d’échéancier pour la fin de son enquête interne, mais a assuré que les actions de chaque policier d’État présent sur les lieux seront analysées afin de « déterminer si des violations de politiques, de lois ou de doctrines ont été commises ».

Le directeur du département de Sécurité publique du Texas, le colonel Steve McCraw, avait précédemment jeté la majorité du blâme sur M. Arredondo, l’identifiant comme le commandant en charge de l’intervention et le critiquant pour avoir traité le tueur comme un suspect barricadé plutôt que comme un tireur actif.

Le nouveau rapport, le plus complet jusqu’ici, reproche aussi à M. Arredondo d’avoir perdu un temps précieux à chercher la clé de la classe où se trouvait le tireur plutôt que d’intervenir dans l’urgence pour stopper le tireur. Le document insiste cependant sur le fait que tous les services policiers sur place ont lamentablement échoué.