(Highland Park) « Cette fois-ci, c’est ici, ce sont les nôtres » : devant l’église presbytérienne de Highland Park (nord des États-Unis), les anonymes se succèdent mardi soir pour écrire un mot sur sept cœurs bleus montés sur de petits poteaux blancs.  

Établi à la mémoire des victimes de la fusillade survenue la veille, ce mémorial de fortune sera ensuite remis aux familles des disparus.

 « Nous sommes tous dévastés », résume à l’AFP devant le bâtiment de brique rouge Susanna Calkins, une habitante. Elle se dit plongée dans « l’incrédulité, mais aussi la résignation » : ces fusillades « surviennent encore et encore ». « Et, cette fois-ci, c’est ici, ce sont les nôtres. » 

À l’intérieur, l’église à l’impressionnante charpente fait salle comble : c’est toute une communauté qui pleure ses morts.

Bradley Rose était à la parade du 4-Juillet. Si toute sa famille va bien, l’homme de 46 ans se dit « glacé jusqu’au sang » par ce qui est arrivé.

 « Notre fille de 10 ans a dû dormir dans notre lit la nuit passée », dit devant l’église ce responsable d’une entreprise de jeux vidéo, soulignant qu’il était « très difficile » d’expliquer à son enfant une telle tragédie.

 « Horrifiée »

Au même moment, la vice-présidente Kamala Harris est venue se recueillir sur les lieux de la tragédie le long de Central Avenue, l’artère principale de Highland Park qui accueillait la parade du 4-Juillet.  

Poussettes renversées y côtoyaient encore mardi tricycles et chaises pliantes, abandonnées par la foulée pendant la fusillade qui a fait sept morts, et témoignant du chaos qui a régné dans cette ville huppée.

 « (Je suis) juste horrifiée, furieuse, en colère, bouleversée. Simplement consternée », déclare à l’AFP Natalie Belloff, une étudiante de 20 ans à l’université de l’Illinois.

Sur les rives du lac Michigan, Highland Park, avec ses maisons cossues, est l’un des lieux de résidence préféré des vedettes de Chicago. Mais le nom évoquera désormais la triste liste des villes endeuillées par les fusillades aux États-Unis.

Sur les lampadaires devant les commerces, flottent les drapeaux américains aux côtés de celui des fiertés LGBT et, derrière le cordon jaune qui barre l’accès, les agents de la police fédérale, le FBI, s’affairent.

Pour Natalie Belloff, les États-Unis se doivent d’adopter des lois qui limitent plus fortement l’accès aux armes.

 « Vous pouvez toujours avoir un deuxième amendement sans qu’il ne soit possible d’acheter un fusil d’assaut à 20-21 ans », dit-elle, en référence à la disposition constitutionnelle qui garantit le port d’armes.

Ivana Spasova, qui se dit « sous le choc », fait écho à ce sentiment : « Nous ne devrions pas donner accès à des armes aux jeunes et particulièrement des armes de style militaire », déclare cette livreuse de 25 ans près du cordon de police.

 « C’est une communauté sûre, c’est un quartier sûr », souligne-t-elle également à propos de la ville.

Pour Susan Millner, outre les armes, il existe aux États-Unis une « crise majeure de santé mentale ».

 « Nous n’avons pas les ressources pour la combattre », affirme cette thérapeute de 45 ans, qui souligne que la situation n’a fait qu’empirer avec la pandémie, particulièrement parmi les populations jeunes.

Élite de Chicago

Dans les rues arborées proche du lieu du drame, les maisons cossues de Highland Park et ses gazons taillés au millimètre se révèlent.  

Située à près de 40 km du centre de Chicago et de ses problèmes notoires de criminalité, Highland Park est à l’inverse connue pour être une ville calme et sans problème. Elle est également connue pour abriter une partie de l’élite de Chicago.

La superstar du basket Michael Jordan y avait élu résidence lors de ses années passées avec la franchise des Bulls, dans une maison évaluée à près de 15 millions de dollars.

Le célèbre architecte américain Frank Lloyd Wright y a également dessiné plusieurs maisons.

Et c’est là que, dans les années 1980, plusieurs résidences ont servi de décor à des films comme Risky Business avec Tom Cruise, ou encore La Folle journée de Ferris Bueller.

Originaire de la région, l’auteur présumé des tirs, Robert – dit « Bobby »  – Crimo habitait à Highwood, ville voisine de Highland Park.  

Dans sa rue typique des banlieues américaines, le calme régnait mardi.

Dave MacNerland, l’un des voisins de Bobby Crimo, décrit à l’AFP un voisinage où « les gens sont très sympas ». La communauté, elle, est plutôt celle d’une « classe moyenne ».  

Devant la maison du suspect, une vieille voiture grise est garée sur la pelouse. Un grand autocollant sur la portière affiche « 47 », un nombre mystérieux que s’est également fait tatouer sur la tempe Bobby Crimo.