L’audience tenue mardi par la Commission du 6-Janvier était la sixième depuis son ouverture, le 9 juin. Voici quelques révélations et déclarations ayant retenu l’attention au cours des séances précédentes.

« J’ai donc accepté ce qu’il disait »

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Ivanka Trump apparaissant à l’écran lors de la première audience de la Commission

À la première audience, le 9 juin, William Barr, ancien Procureur général des États-Unis qui a démissionné en décembre 2020, a qualifié de « bullshit » les prétentions du président Trump qu’il y a eu fraudes électorales. Ivanka Trump, fille du président, a accueilli les propos de M. Barr en disant : « Cela a affecté mon point de vue. […] Je respecte le procureur Barr. J’ai donc accepté ce qu’il disait. » Mais quelques jours plus tard, un extrait d’un documentaire la faisait mal paraître lorsqu’elle disait que son père « devait continuer à se battre jusqu’à ce que tous les recours judiciaires soient épuisés ».

« Arnaque » de 250 millions US

Non seulement Donald Trump a suivi l’avis de son avocat, Rudy Giuliani, plutôt que ceux des conseillers de la Maison-Blanche et clamé un vol des résultats dans les heures qui ont suivi l’élection présidentielle du 3 novembre 2020, mais en plus, son parti a collecté des dons de 250 millions US devant servir aux contestations judiciaires. Or, cet argent n’a pas été utilisé à cette fin, estime la Commission. Une des membres démocrates de la Commission, Zoe Lofgren, a déclaré : « Le grand mensonge [dénoncé par Trump] était aussi une grande arnaque ». Selon Jason Miller, ancien conseiller du président, Rudy Giuliani était « certainement en état d’ivresse » la nuit suivant le vote.

Pence à 12 mètres de la mort

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Mike Pence, ancien vice-président des États-Unis

Lorsque les émeutiers ont envahi le Capitole où avait lieu, le 6 janvier 2021, la certification des résultats de l’élection, et que les élus sont partis en vitesse, une distance de seulement 12 mètres les séparait du vice-président Mike Pence. Foi d’un informateur du FBI, « les Proud Boys auraient tué Mike Pence si on leur en avait donné l’occasion ». La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, était aussi dans leur ligne de mire. Or, Donald Trump n’a rien fait pour prendre la défense de son vice-président.

« Le président des États-Unis m’a ciblée »

À sa quatrième session, le 21 juin, la Commission a fait comparaître Ruby Freeman et sa fille Shaye Moss, deux préposées au scrutin dans le comté de Fulton, en Géorgie, visées par Donald Trump et sa garde pour la perte de cet État aux mains de Joe Biden. « Le président m’a ciblée », a déclaré Mme Freeman, émue, à propos des pressions et menaces reçues. « J’ai perdu mon nom et ma réputation. J’ai perdu mon sentiment de sécurité, tout cela parce qu’un groupe de personnes, à commencer par le numéro 45 [Trump] et son allié Rudy Giuliani, ont fait de moi un bouc émissaire. »

Refus de tourner le dos à son serment

Le même jour, des responsables républicains de l’Arizona ont témoigné des pressions exercées entre autres par Rudy Giuliani pour remplacer les Grands Électeurs remportés par Joe Biden par des individus favorables à Donald Trump. Rusty Bowers, président de la Chambre des représentants de l’Arizona, a témoigné avoir dit à M. Trump : « Vous me demandez de faire quelque chose qui va à l’encontre de mon serment, alors que j’ai juré sur la Constitution de la faire respecter. »

Le département de la Justice au bord de l’éclatement

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Steven Engel, ancien haut responsable du département de la Justice, Jeffrey Rosen, ancien procureur général, et Richard Donoghue, ancien procureur général adjoint, prêtant serment devant la Commission, le 23 juin dernier

La cinquième séance (23 juin) a montré que le département de la Justice était au bord de l’éclatement à la suite de pressions exercées par Donald Trump et son entourage pour inverser les résultats. À la suite de la démission de William Barr, Jeffrey Rosen devient procureur général des États-Unis le 24 décembre 2020. Or, le 27 décembre, Rosen et son adjoint Richard Donoghue se font suggérer par un proche de Trump, l’avocat Jeff Clark, de signer une lettre constatant de graves irrégularités en Géorgie. Devant leur refus, Donald Trump songe à congédier Rosen et à le remplacer par… Jeff Clark. Un conseiller du département de la Justice a alors dit au président qu’un tel geste serait suivi de « démissions massives ». Trump a reculé.

« Votre déshonneur restera »

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Liz Cheney, représentante républicaine du Wyoming

Avec Adam Kinzinger, qui ne se représentera pas cet automne, Liz Cheney, représentante du Wyoming à la Chambre, est la seule républicaine ayant accepté de se joindre à la commission présidée par le représentant démocrate Bennie Thompson. En ouverture de la commission, Mme Cheney, qui avait aussi voté pour la procédure de destitution (impeachment) du président Trump après le 6-Janvier, a déclaré : « Ce soir, je dis à mes collègues républicains qui défendent l’indéfendable : un jour viendra où Donald Trump sera parti. Mais votre déshonneur restera. » Les récents sondages indiquent que Mme Cheney est à la traîne pour sa réélection.