Un homme de 21 ans a été accusé de meurtres, mardi, au lendemain de la tuerie survenue lundi après-midi dans un supermarché de Boulder, au Colorado, où 10 personnes ont été tuées, incluant un policier arrivé sur les lieux pendant le carnage.

Le policier Eric Talley, 51 ans, a été tué quand il a répondu à de nombreux appels au 9-1-1 au sujet d’un tireur actif dans le supermarché King Soopers, a signalé mercredi la police de Boulder. M. Talley était père de sept enfants, âgés de 7 à 20 ans.

Les victimes étaient âgées de 20 à 65 ans. L’une d’entre elles a été retrouvée dans le stationnement du magasin, tandis qu’une autre a été retrouvée sans vie dans un véhicule.

Tom Mauser, qui a perdu son fils Daniel durant le massacre de l’école Columbine, survenu au Colorado en 1999, explique que la tuerie de Boulder a une résonance personnelle pour lui.

« La fille d’un de mes amis se trouvait dans le supermarché lundi quand c’est arrivé, dit-il en entrevue téléphonique. Le tireur est passé devant elle en courant. Des employés l’ont aidée à s’échapper par l’arrière du magasin avec d’autres clients. »

Cela montre à quel point le problème des tueries de masse « atteint des gens partout aux États-Unis », dit-il.

En plus du policier Eric Talley, les victimes sont Denny Strong, 20 ans, Neven Stanisic, 23 ans, Rikki Olds, 25 ans, Tralona Bartkowiak, 49 ans, Suzanne Fountain, 59 ans, Teri Leiker, 51 ans, Kevin Mahoney, 61 ans, Lynn Murray, 62 ans, et Jody Waters, 65 ans.

« Problèmes mentaux »

Né en Syrie en 1999, le suspect Ahmad Alissa aurait vécu la majorité de sa vie à Denver, à une trentaine de kilomètres du lieu de la tuerie. Il fait face à 10 chefs d’accusation de meurtre au premier degré.

Selon les documents de l’État du Colorado, l’accusé a acheté une arme d’assaut six jours avant la tuerie. Plusieurs médias ont rapporté qu’au moins une des armes qu’il avait en sa possession s’apparentait à un fusil d’assaut de style AR-15.

Le frère d’Ahmad Alissa a confié à la publication numérique The Daily Beast que l’accusé avait « des problèmes mentaux » et un long historique de comportements violents et alarmants.

Michael Dougherty, procureur du district de Boulder, a dit que le suspect était toujours hospitalisé mardi. Quant aux motifs de l’attaque, il a déclaré : « Nous n’avons pas encore ces réponses. »

Mardi, le président Joe Biden a invité les élus au Capitole à agir, relançant le débat sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis.

Je n’ai pas besoin d’attendre une minute de plus, encore moins une heure, pour prendre des mesures de bon sens qui sauveront des vies à l’avenir et pour exhorter mes collègues à la Chambre et au Sénat à agir. Nous devons aussi bannir les fusils d’assaut.

Joe Biden

Selon un calcul fait par CNN, la tuerie de Boulder était la septième tuerie de masse en sept jours aux États-Unis, et la sixième tuerie de masse avec quatre morts ou plus depuis le début de l’année 2021 aux États-Unis.

Au Canada, la vente et la possession de fusils AR-15 ont été bannies l’an dernier quelques semaines après la tuerie survenue en Nouvelle-Écosse, qui avait fait 22 morts, la pire tuerie de masse de l’histoire canadienne.

La Ville de Boulder a récemment adopté une ordonnance interdisant la vente et l’entreposage d’armes d’assaut sur son territoire, mais un juge avait bloqué l’application de cette loi après le dépôt d’un recours en justice par le lobby pro-armes National Riffle Association (NRA).

Un État progressiste en matière de controle des armes à feu

Le Colorado adopte depuis plusieurs années des politiques plus progressistes au sujet du contrôle des armes à feu, dit Tom Mauser, très actif dans le débat sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis.

Les choses bougent lentement, mais c’est difficile pour les gens opposés au contrôle des armes à feu de l’accepter. Très difficile.

Tom Mauser

Un exemple : en 2019, le Colorado a adopté une loi appelée « red flag », déjà en vigueur dans une douzaine d’États, qui permet à l’État de saisir temporairement les armes à feu d’une personne qui peut présenter un danger pour elle-même ou pour d’autres personnes.

« Quand la loi est entrée en application, les shérifs de plusieurs comtés au Colorado ont dit qu’ils ne l’appliqueraient pas. C’est quand même incroyable que des policiers disent qu’ils ne respecteront pas la loi. C’est un sujet controversé. »

Le Colorado a aussi une loi qui empêche différents territoires d’être plus sévères au sujet du contrôle des armes que l’État lui-même. « Après cette tuerie, je crois que les groupes de contrôle des armes vont faire une priorité du retrait de cette loi », dit M. Mauser.