(Dawson Springs) Ils sont sonnés, parfois désespérés. Pourtant, ils font preuve d’une grande force de caractère : les habitants de Dawson Springs, dans l’État américain du Kentucky, ont vu leur jolie ville brutalement transformée en un champ de ruines.

Un quartier de cette commune pittoresque a même été pratiquement rasé à 100 % par une des tornades qui ont tué vendredi soir des dizaines de personnes, dans le centre et le sud des États-Unis.  

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Susan Orten pleure devant sa maison détruite à Dawson Springs, Kentucky, le 14 décembre 2021.

« Je suis comme anesthésiée, tout simplement perdue. Je ne trouve pas les mots », dit Susan Orten, une femme de 61 ans qui a perdu son compagnon de vie depuis 25 ans.

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Des habitants de Dawson Springs, au Kentucky, constatent les dégâts à leurs maisons, le 14 décembre 2021, quatre jours après que des tornades ont frappé la région.

Il s’appelait Ernie Aiken et c’était une figure locale à Dawson Springs. Susan ne se trouvait pas avec lui au moment fatidique : l’homme de 86 ans était calé dans son fauteuil inclinable, devant sa télévision, dans sa maison mobile.

« Dernières paroles »

S’inquiétant de l’arrivée prévue de la tempête, Susan a appelé Ernie par téléphone. « Si je suis encore là, je t’appellerai demain », a lancé l’octogénaire à son amie. « Mais ce furent ses dernières paroles », se désole la femme qui ne peut retenir ses larmes.

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Une femme examine les décombres de sa maison rasée à Dawson Springs, au Kentucky, quatre jours après les tornades qui ont ravagé la ville.

Face à la furie de la tornade, la frêle maison préfabriquée d’Ernie Aiken n’a pas pesé lourd, étant littéralement mise en pièces.

Les autres logis alentour ont subi le même sort, comme si cette ville du Kentucky avait été quasiment rayée de la carte. Selon le maire, 75 % de la ville est détruite.

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Cette photo prise avec un drone donne une vue d’ensemble d’un quartier ravagé de Dawson Springs, au Kentucky, le 14 décembre 2021

Tout au long de Pine Street, la vision est apocalyptique. Chaque maison n’est plus qu’un tas de décombres, où les survivants ont, comme par défi, planté un drapeau américain.

Au moins 13 personnes ont été tuées et plus de 100 restent portées manquantes.

Sous la table

Jackie Gordon, 55 ans, a eu la vie sauve en se terrant sous une lourde table dans son sous-sol, avec son mari, lors du passage de la tornade.

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On aperçoit les bas de Noël encore suspendus aux tiroirs d’une commode, dans la maison détruite de Jackie Gordon, à Dawson Springs, au Kentucky.

« Quand cela s’est terminé, ce qui a semblé durer une éternité, on entendait juste les gens crier “au secours” », relate-t-elle. Son époux s’est alors précipité dehors et « a commencé à déterrer des personnes ».  

Le couple a ensuite transformé ce qui restait de leur maison en un dispensaire de campagne, pansant le crâne blessé d’une voisine et prodiguant d’autres soins à un enfant à la cheville fracturée.

Ce mardi, au milieu des bruits des tronçonneuses, qui découpent les arbres déracinés, Mme Gordon s’active pour retrouver une partie de ses effets personnels et objets qui lui sont chers.

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Les troupes de la Garde nationale ont installé des points de contrôle à l’entrée des villes de Dawson Springs et de Mayfield.

À un moment, l’émotion semble la submerger quand elle met la main sur une boîte en fer-blanc qui recèle des précieuses photos d’enfance et d’autres de sa fille.

« J’ai perdu beaucoup, mais j’ai retrouvé des choses irremplaçables. Je m’estime chanceuse », dit-elle.  

La façade de sa maison a été soufflée par le vent, mais certaines pièces sont intactes. La chambre à coucher du couple a eu le toit arraché, l’exposant aux intempéries. À la question de savoir si elle voudra reconstruire, la quinquagénaire répond : « Je ne sais pas ».

Chats perdus

Toujours dans Pine Street, une habitante, Susan Lacy, tente de retrouver les huit chats de sa sœur, tous portés manquants.  

« Bella ! Henry ! Felix Rex ! Aria ! », crie-t-elle.

Plus loin, une autre riveraine, Ashley McKnight, a la chance d’avoir sa maison encore debout, même si le toit s’est en partie affaissé. Équipée d’une lampe frontale, elle ratisse son logis pour récupérer ses objets de valeur, même sentimentale, comme cette poupée en plastique qu’elle met précieusement de côté.  

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Ashley McKnight, a la chance d’avoir sa maison encore debout, même si le toit s’est en partie affaissé.

« Nous sommes la communauté la plus soudée qu’on puisse imaginer », assure-t-elle. « Je pense que mon ange gardien là-haut a fait quelque chose afin que ma maison soit encore là ».