Preethi Gowrishankar n’a jamais été vraiment active sur le plan politique avant cette année, mais la polarisation qui a caractérisé l'administration de Donald Trump a changé la situation.

Portant un couvre-visage, la chercheuse de données âgée de 27 ans a récemment fait la queue au cours d’une froide journée ensoleillée à Atlanta pour voter par anticipation. Elle a fait son choix pour les démocrates Jon Ossoff et Raphael Warnock.

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Les candidats démocrates Raphael Warnock (à gauche) et Jon Ossoff

Le second tour des élections en Géorgie se déroulera le 5 janvier. Il déterminera quel parti détiendra la majorité au Sénat.

« Nous avons vu au cours des quatre dernières années à quoi mène l’apathie et où elle peut nous mener, souligne Mme Gowrishankar. J’ai donc essayé de faire un effort pour être beaucoup plus informé de mes choix et faire entendre ma voix. »

La forte participation des électeurs de moins de 30 ans dans tout le pays a contribué à la victoire du démocrate Joe Biden aux dépens de Donald Trump en novembre. Les jeunes électeurs ont été la clé de la courte victoire étroite de M. Biden en Géorgie où il n’a devancé son adversaire que par moins de 12 000 votes.

Aujourd’hui, avec les projecteurs nationaux braqués sur les deux scrutins sénatoriaux en Géorgie, les deux camps et les groupes de mobilisation travaillent avec acharnement pour s’assurer que ces jeunes électeurs voteront.

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Les sénateurs républicains sortants Kelly Loeffler et David Perdue

Si l’un des candidats républicains, David Perdue ou Kelly Loeffler, gagne son élection, le parti républicain maintiendra sa majorité au Sénat. En cas contraire, le contrôle sera détenu par les démocrates grâce au vote prépondérant que détiendra la vice-présidente, et présidente de facto du Sénat, Kamela Harris.

La volonté de convaincre les jeunes électeurs de se rendre aux urnes est particulièrement évidente pour le camp démocrate, qui craint une défaite en cas de démobilisation.

MM. Ossoff et Warnock ont organisé des rassemblements dans des villes universitaires, engagé du personnel pour aider les jeunes électeurs à s’inscrire et des influenceurs sur les réseaux sociaux. Ils ont mené des campagnes publicitaires sur les nouveaux médias et les plateformes numériques. On les a vus sur Twitch et même sur TikTok.

L’équipe de M. Perdue n’a pas répondu à une demande d’entrevue tandis que celle de Mme Loeffler a adressé nos questions à Abigail Sigler, une porte-parole du Parti républicain de la Géorgie. Celle-ci n’a pas répondu à une question précise concernant les stratégies pour convaincre les jeunes, préférant envoyer un communiqué attaquant les deux candidats démocrates.

En Géorgie, environ 16 % des suffrages ont été exprimés par des électeurs âgés de moins de 30 ans en novembre, comparativement à 13 % à l’échelle nationale, selon AP VoteCast. Près de six jeunes électeurs sur 10 ont soutenu Joe Biden. Mais comme les autres électeurs, les jeunes se divisent selon leur appartenance ethnique. Les jeunes non blancs ont massivement soutenu M. Biden, à environ 80 %, tandis que M. Trump obtenait près de 66 % des votes des jeunes Blancs.

« Nous avons assisté à une augmentation de la participation des jeunes à nos élections que ce soit sur le plan des inscriptions, du bénévolat et du vote », signale la directrice générale New Georgia Project, un groupe fondé par l’ancienne candidate démocrate au poste de gouverneur de la Géorgie, Stacey Abrams.

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Stacey Abrams, dont les efforts pour mobiliser les militants démocrates ont été salués par Joe Biden, a fait campagne en compagnie de Raphael Warnock et Jon Ossoff, le 15 décembre à Atlanta.

Le groupe avait enregistré des milliers de jeunes électeurs lors des manifestations nationales contre les inégalités raciales. Il a lancé un effort intensif pour lutter contre la désinformation sur le vote sur les médias sociaux et a poursuivi ses efforts pour mobiliser les électeurs, malgré la pandémie. Il a continué ses activités en vue du second tour.

Kei Kawashima-Ginsberg, une spécialiste du comportement des jeunes de l’Université Tufts, dit que la participation électorale est influencée par leur engagement politique et les investissements de chaque camp et des groupes externes.

« Surtout à l’ère de la pandémie de 2020, il y a à la fois une mobilisation de groupes externes et de partis politiques, mais aussi d’énormes quantités de jeunes qui prennent contact avec les médias sociaux pour faire valoir leur croyance, dire pour qui les gens devraient voter et parler des problèmes dont ils se soucient vraiment. »

Les jeunes électeurs républicains s’impliquent eux aussi dans la lutte. Ils ont été les piliers des grands rassemblements organisés par M. Perdue et Mme Loeffler.

Dylan Leonard, un étudiant de 20 ans de Milton, en Géorgie, est allé à un rassemblement où parlait Ivanka Trump, la fille du président, dans une ville cossue de la banlieue d’Atlanta. S’il a déploré et reconnu la défaite électorale de Donald Trump, il a exprimé son espoir de voir les républicains se racheter en enlevant les deux élections sénatoriales du second tour.

« J’espère que nous aurons un bon résultat. Ce n’est pas exactement ce que nous voulions, confesse M. Leonard. Avec un peu de chance, on y parviendra en Géorgie. »