(Washington) Le chef du Pentagone Mark Esper a annoncé mardi son intention de se rendre en Chine avant la fin de l’année pour établir des canaux de communication entre militaires, espérant désamorcer les tensions avec Pékin.

« Avant la fin de cette année, j’espère visiter la Chine pour la première fois en ma qualité de ministre de la Défense afin d’améliorer la coopération dans les secteurs où nous avons des intérêts communs et d’établir de nécessaires systèmes de communication de crise », a déclaré M. Esper lors d’un séminaire en ligne organisé par l’Institut international d’études stratégiques (IISS).

La date de cette visite n’a pas été déterminée mais elle est discutée par l’entourage de M. Esper et de son homologue chinois, le général Chang Wanquan, a indiqué un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman.

M. Esper a souligné que les États-Unis « ne cherch (ai) ent pas le conflit » avec Pékin. Washington veut « des relations positives et productives avec la Chine » et souhaite « ouvrir des lignes de communication et de réduction des risques », a-t-il ajouté.  

Mais « la Chine n’a pas le droit de faire des eaux internationales une zone d’exclusion pour son propre empire maritime », a-t-il poursuivi.

M. Esper reprenait ainsi un terme utilisé la semaine dernière par le chef de la diplomatie Mike Pompeo, lorsqu’il a annoncé que les États-Unis considéraient désormais les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale comme « illégales ».

Les États-Unis rejettent depuis longtemps les revendications de la Chine sur la quasi-totalité des îlots et récifs de la mer de Chine méridionale face aux pays riverains (Malaisie, Vietnam, Philippines, Bruneï), mais ils se contentaient jusque-là d’insister sur la liberté de navigation.

En prenant explicitement parti pour les États riverains de la Chine, le secrétaire d’État a rappelé un jugement de 2016 de la cour permanente d’arbitrage de La Haye, selon lequel la Chine n’a pas de base légale pour revendiquer des « droits historiques » sur cette zone.

« Risque d’incident »

M. Esper a énuméré une série de « mauvais comportements » en mer de Chine méridionale ces derniers mois, accusant l’armée chinoise d’avoir coulé un bateau de pêche vietnamien, « harcelé » des sociétés d’exploration pétrolière malaisiennes et escorté des bateaux de pêche chinois dans la zone économique exclusive de l’Indonésie.

« Cela fait des années que le Parti communiste chinois a ce genre de comportement. Mais aujourd’hui, ses intentions sont présentées à la vue de tous », a-t-il ajouté. « Nous espérons que le PCC va changer, mais nous devons nous préparer au contraire ».

Il a prévenu que même si Pékin protestait régulièrement contre les opérations de « liberté de navigation » que les États-Unis mènent dans cette zone maritime cruciale pour le commerce mondial, Washington continuerait à envoyer des porte-avions en mer de Chine méridionale.

« Personne ne nous en empêchera », a-t-il assuré.

Deux porte-avions américains, l’USS Nimitz et l’USS Ronald Reagan, ont ainsi croisé début juillet en mer de Chine méridionale.

Le porte-parole du Pentagone a souligné au cours d’un point de presse que des relations militaires entre les deux pays étaient « extrêmement importantes pour éviter des malentendus à l’avenir ».  

« Il existe un ordre international fondé sur la règle de droit […] qui a bénéficié à la Chine plus qu’à tout autre pays dans le monde », a ajouté M. Hoffman. « La Chine et les Chinois feraient mieux d’adhérer à cet ordre que de tenter de le remplacer par de nouvelles règles ».

M. Esper a prévenu que l’US Navy continuerait aussi à naviguer dans le détroit de Taïwan, et que Washington continuerait à vendre des armes à ce territoire que Pékin considère comme une de ses provinces.

« Nous restons engagés envers la paix et la sécurité dans la région. Nous respecterons nos engagements envers Taïwan », a-t-il déclaré.  

L’île et le continent sont gouvernés séparément depuis 1949 mais le régime communiste revendique sa souveraineté sur Taïwan, qu’il n’exclut pas de prendre par la force. De leur côté, les États-Unis reconnaissent le gouvernement de Pékin depuis 1979 mais sont tenus par la loi d’aider à la défense de Taïwan.